Le soutien indécent du chanteur Zoba Casimir au Président Sassou

Le musicien Jackson Babingui ( voir sa photo ci dessous) vit douloureusement le soutien le soutien affiché de l’artiste Zoba Casimir, dit ZAO, en faveur d’un énième mandat de M. Sassou Nguesso. Voici son témoignage

Jackson Babingui sur scène à Villejuif, en 2019.

Lorsque l’artiste-musicien Zoba Casimir, alias ZAO, chanta Ancien combattant, en 1984, cette chanson l’imposa sur la scène internationale. Il connut la gloire et gagna l’estime de ses pairs musiciens, tandis que les générations suivantes s’identifiaient à lui, le prenant pour modèle dans l’industrie de la musique. On lui associait des vertus de sagesse, sans imaginer qu’à soixante-sept ans, il se révélerait comme un traître à l’endroit de ses nombreux admirateurs, tous âges confondus, au Congo et ailleurs. 

« Sassou, le Pool t’a choisi, tu es l’homme qu’il faut » 

Le soutien affiché de ZAO en faveur d’un énième mandat de M. Sassou Nguesso est vécu par nous ses fans comme une insulte à la mémoire des victimes de la guerre dans le Pool, dont il est lui-même originaire. « Monsieur Sassou, le Pool t’a choisi, tu es l’homme qu’il faut à la place qu’il faut », chante-t-il en live dans le Pool. En dépit du fait que cette région connaît depuis 1998 des guerres à répétition, dont la dernière, en 2017, a fait au bas mot 20 000 déplacés, selon les ONG. Sans compter les morts et un taux de malnutrition aiguë de 17,3% parmi les enfants déplacés de moins de 5 ans. Un taux qui dépasse le seuil d’urgence de 15% établi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

« L’empereur » Sassou

En ce mois de février 2021, la prestation de ZAO et son soutien à l’empereur Sassou, lors des « rencontres citoyennes » dans le Pool, dans une perspective purement électoraliste à l’initiative des cadres et élus de ce département qui souhaitent conserver leur position politique, est une preuve, s’il en était encore besoin, que nos artistes et nos élites (ils se reconnaîtront) ont choisi la gloire éphémère à la noblesse de l’éternité, dont ils ne franchiront jamais le seuil. Si l’on ajoute au tableau le chômage chronique des jeunes congolais et la précarité dans laquelle vivent la majorité des artistes-musiciens, il est clair que la cupidité et l’absence de convictions raisonnées ont fait choisir à ZAO la voie du déshonneur et de l’irresponsabilité.

Surtout ne voyez pas en ce billet une quelconque forme de jalousie dissimulée. Celui qui s’est ainsi abaissé dans mon estime, comme dans le cœur de ceux qui l’admiraient, était jusqu’à la semaine dernière un monument. Notre monument à tous. Cher aîné, tu peux comprendre ma désolation, laquelle est partagée par de nombreux anonymes qui te vouaient jusqu’ici respect et admiration.