Muet ces derniers mois, le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen soutenu par le président égyptien Sissi, désire reprendre du service et se démarquer du Premier ministre Abdelhamid Dbeibahn proche de la Turquie. De quoi remettre les prochaines échéances électorales de décembre 2021.
Un article de Maher Hajbi
Si le maréchal Haftar a été contraint, malgré lui, à se faire discret tout au long du processus politique qui a conduit au sommet de Paris la semaine dernière, il est, aujourd’hui, monté au front – à l’occasion du 81e anniversaire des forces armées libyennes – pour avertir que “l’armée ne se pliera jamais à un pouvoir civil non élu par le peuple libyen”.
Un discours fort prononcé en réponse à l’annonce du Conseil présidentiel, dirigé par Mohamed el-Menfi, qui se dit être la seule institution apte à ordonner des opérations militaires en Libye.Pour mener à bien son retour en puissance, l’homme fort de l’est libyen s’est rendu au Caire, une première depuis la fin de la bataille de Tripoli, “pour discuter des derniers développements”.
Abdelhamid Dbeibah défié
Ainsi, le ton est donné : Khalifa Haftar veut défier le nouvel exécutif intérimaire – né au forceps d’un processus onusien – avec à sa tête Abdelhamid Dbeibah – réputé très proche de la Turquie – qui considère “qu’une armée ne peut pas dépendre d’une seule personne”.
De son côté, l’ambassadeur et envoyé spécial américain en Libye, Richard Norland, estime que le maréchal pourrait jouer un rôle dans la réunification de l’institution militaire et débloquer un processus suspendu depuis plusieurs mois.
Désormais, la guerre de prérogatives militaires entre Haftar et Tripoli ne fait que commencer et une éventuelle escalade pourrait entraver la tenue des élections générales en fin d’année en Libye.