Le nouveau gouvernement, annonce Human Rights Watch, devrait prendre des mesures concrètes à l’égard des atrocités commises dans le passé
(Nairobi, le 12 février 2018) – Le nouveau gouvernement libérien devrait prendre rapidement des mesures en vue de l’ouverture d’une enquête et de poursuites judicaires équitables concernant les crimes graves commis au cours des violentes guerres civiles au Liberia, a écrit Human Rights Watch dans une lettre adressée aujourd’hui au président de ce pays, George Weah.
Weah a été élu fin décembre 2017, au terme d’un second tour de scrutin sous tension qui l’opposait à l’ancien vice-président Joseph Boakai. Il a pris ses fonctions le 22 janvier 2018.
« Le président Weah a la possibilité d’accomplir une tâche historique en s’assurant que les victimes libériennes aient enfin la possibilité de voir les auteurs de crimes à leur encontre rendre compte de leurs actes », a déclaré Elise Keppler, conseillère juridique senior au sein du Programme Justice internationale de Human Rights Watch. « Le Libéria a fait d’importants progrès vers la stabilité post-conflit, mais personne n’a été jugé au Libéria pour les crimes odieux commis au cours de cette précédente période. »
Au cours de deux conflits armés – de 1989 à 1996 et de 1999 à 2003 – d’horribles abus ont été perpétrés contre des civils au Libéria : exécutions sommaires et massacres répétés de grande ampleur ; viols généralisés et systématiques ; mutilations et actes de torture ; et enrôlement forcé massif et utilisation d’enfants soldats. La violence a brisé les vies de dizaines de milliers de civils, provoqué le déplacement de près de la moitié de la population et pratiquement détruit les infrastructures du pays.
Toutefois, aucun individu n’a été poursuivi pour ces crimes graves au Libéria.
Les seuls efforts pour rendre justice aux victimes ont été fournis devant des tribunaux du Libéria, des États-Unis, de Belgique, de Suisse et duRoyaume-Uni. La plupart de ces actions en justice ont été engagées en vertu du principe de compétence universelle, qui permet aux autorités nationales de poursuivre des personnes soupçonnées d’être responsables de certains crimes internationaux graves tels que la torture, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, même lorsqu’ils ont été commis dans un pays tiers, et que ni les accusés ni les victimes ne sont des ressortissants du pays de jugement.