Saad Hariri, qui avait pris ses distances de la vie politique et partisane libanaise pendant six mois après avoir renoncé à former un nouveau gouvernement en juillet dernier, semble toutefois avoir suivi les développements politiques de près, comme l’indiquent ses posts sur son compte Twitter.
Un article de Tylia El Helou
L’arrivée à Beyrouth ce mardi de l’ancien Premier ministre et chef du courant du Futur, Saad Hariri, est déterminante pour le cours des prochaines élections législatives, ainsi que pour son avenir politique et celui de son parti. Son retour attendu au Liban est aussi une occasion pour le leader sunnite de se reconnecter avec ses partisans et de tâter le terrain quant aux alliances électorales, notamment avec le Parti socialiste progressiste (PSP) et les Forces libanaises (FL).
Des alliances en cours de formation
Les circonscriptions du Nord (Akkar ; Tripoli–Minieh–Denniyé ; Batroun–Koura–Becharré–Zghorta) et celle de Zahlé (à l’ouest du Liban) nécessitent une coalition entre les FL et le Courant du Futur pour essayer de garantir la victoire de leurs listes électorales. Idem pour la circonscription du Chouf–Aley, qui requiert une entente PSP-FL-courant du Futur pour remporter le nombre maximum de sièges, souligne une source proche des FL à Ici Beyrouth. Une stratégie électorale fortement encouragée par l’Arabie saoudite qui souhaiterait, par ailleurs, la formation d’un front commun face à l’axe pro-iranien, réunissant le Hezbollah, le Courant patriotique libre (CPL) et leurs alliés politiques, selon les indications fournies par plusieurs sources informées à Ici Beyrouth.
Cependant, force est de rappeler que la relation entre le courant du Futur et les Forces libanaises est quasi-inexistante aujourd’hui, en raison des tensions apparues entre les deux partis au fil des années, et plus récemment avec la décision qu’avaient prises les FL de ne pas désigner M. Hariri pour la formation du gouvernement précèdent. C’est pourquoi, une entrevue entre le chef des FL, Samir Geagea, et le chef sunnite devra être organisée « afin que les deux leaders puissent résoudre leurs différends et établir un terrain d’entente pour entamer les discussions et les négociations électorales », explique la source proche de Meerab. Par contre, aucune indication ne montre à l’heure actuelle que l’entretien aura lieu de sitôt.
Pour ce qui est des concertations avec le chef du PSP, Walid Joumblatt, celles-ci seraient en voie de développement, indiquent des responsables politiques haut placés. Toutefois, les pourparlers électoraux avec les FL et le courant du Futur à propos de la région druze « sont gérés séparément par M. Joumblatt, puisque ladite circonscription est son fief », précise la source précitée.
Saad Hariri candidat ?
La candidature de Saad Hariri aux législatives fait l’objet de nombreuses spéculations. D’ailleurs, le retour de l’ancien Premier ministre à Beyrouth est perçu par certains comme étant le début de sa campagne électorale ; alors que d’autres l’attribuent à un chantier politique que ce dernier entreprendrait au sein de son parti pour former les listes de candidats en lice pour mai 2022. Une troisième théorie est aussi avancée, bien que peu convaincante, puisqu’elle élimine totalement la participation du courant sunnite au scrutin électoral.
D’autre part, si M. Hariri n’est pas candidat aux prochaines législatives, il y aurait alors de fortes chances qu’un autre ancien Premier ministre Fouad Siniora, préside lui-même les listes du parti et se présente à Beyrouth – au lieu de Saida – « sans pour autant remplacer le chef du courant », insiste une source proche du mouvement haririen. Cette option n’est pour l’instant pas confirmée, bien qu’elle soit « très probable », à en croire les sources précitées.
Quoi qu’il en soit, Saad Hariri est bel et bien de retour sur la scène politique libanaise, que ce soit sous les feux des projecteurs ou dans les coulisses.