Selon un constat effectué par l’OMS, 40% des médecins et 30% des infirmiers ont déjà quitté le pays. Une situation qui laisse le Liban à l’abandon
À l’issue de leur visite à Beyrouth, des responsables de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont alerté dimanche sur l’exode du personnel soignant qui a lieu à une « vitesse alarmante » dans le Pays du Cèdre. L’organisation onusienne a déploré le fait que « près de 40% des médecins et près de 30% des infirmiers aient déjà quitté le pays de manière permanente ou temporaire ». Un constat alarmant pour un pays comme le Liban qui traverse déjà la pire crise économique et sociale de son histoire et où les hôpitaux ne fonctionnent actuellement qu’à 50% de leur capacité compte tenu de la crise du mazout.
Le quotidien panarabe Al-Sharq al-Awsat écrivait fin août que la fuite des cerveaux que connaît actuellement le Liban aura des conséquences irrémédiables, « menaçant le pays d’un avenir sombre », expliquant par ailleurs que cet exode touche particulièrement le secteur médical. Ce sont « des centaines de médecins, d’infirmières et d’autres membres des personnels médicaux qui ont émigré au cours des deux dernières années » –, mais également le secteur de l’éducation ainsi que celui des banques.
Troisième grande vague d’émigration libanaise
Cette fuite des cerveaux s’inscrit dans une perspective plus large. Depuis 2019 et le début de la crise, les Libanais cherchent en masse un moyen de quitter le pays. Cette série de départs s’est accélérée suite à l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 et le début des pénuries de médicaments et de mazout — essentiel pour faire tourner les hôpitaux et pour le quotidien des Libanais.
L’Observatoire de la crise au Liban – réalisé par l’Université américaine de Beyrouth (AUB) – a de son côté estimé le 30 août dans un post sur sa page Facebook que la crise libanaise pourrait s’écouler sur le temps long. Il souligne que l’exode libanais est la troisième vague d’émigration la plus importante de l’histoire du pays après celle survenue entre la fin du XIXème siècle et la fin de la Première Guerre mondiale, et celle durant la guerre civile (1975-1990). Selon des chiffres officiels cités par Asharq Al-Awsat, environ 260 000 passeports ont été délivrés depuis le début de l’année 2021, contre 142 000 durant la même période l’année dernière, soit une augmentation de 82 %.
Cette fuite des cerveaux pourrait s’atténuer si l’espoir renaissait d’une nouvelle donne politique. La condition nécessaire (mais pas suffisante) qui pourrait pousser cette classe moyenne éduquée à rester au pays serait la mise en œuvre des réformes par le (jeune) gouvernement de Najib Mikati, qui a obtenu lundi la confiance