L’homme d’affaires Beny Steinmetz demande l’annulation de son procès 

Le milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz, condamné en 2023 à trois ans de prison dont dix-huit mois ferme pour corruption d’agents publics étrangers, a saisi la Chambre pénal d’appel et de révision (CPAR) de Genève, accusant un procureur de tractations « illégales » avec un témoin clé.    

Ian Hamel, à Genève

Beny Steinmetz, aujourd’hui domicilié en Israël, a longtemps vécu à Genève lorsqu’il faisait des affaires en Afrique, notamment en Guinée-Conakry. La justice helvétique l’a condamné à cinq ans de prison en première instance – peine ramenée à trois ans en appel – pour avoir notamment versé 8,5 millions de dollars à Mamadie Touré, quatrième épouse de l’ancien président Lansana Conté, afin d’obtenir une concession minière. Parmi les témoins à charge figure Ofer Kerzner, un ancien partenaire en affaires de Beny Steinmetz. Or, selon ce dernier, il y aurait eu des « actes illégaux » commis par un procureur genevois afin de le faire condamner. 

 

Dans une requête déposée le 12 septembre 2024, les avocats de l’homme d’affaires demandent la suppression des témoignages d’Of Kerzner, ainsi que de ceux de Mamadie Touré, la récusation du procureur, « ainsi que l’annulation de tous les actes de procédure entrepris après le 26 juin 2017 ». Ils demandent l’annulation de sa condamnation et « l’ouverture d’une nouvelle procédure impartiale au cours de laquelle il pourra prouver son innocence ». Le procureur genevois aurait illégalement accordé l’immunité d’un témoin « en échange de son témoignage contre Beny Steinmetz », et violé la procédure pénale « en étant en contact avec l’avocat du témoin en dehors des canaux officiels et en dissimulant ces actions ».

 

Absence de la Guinée-Conakry     

 

En clair, l’enquête serait biaisée. Les avocats de Beny Steinmetz constatent également que les déclarations de Mamadie Touré auraient aussi été faite en échange d’une promesse d’impunité. Ils ajoutent que leur client « s’est vu refuser la possibilité de contre-interroger Mamadie Touré au tribunal, l’empêchant ainsi de contester ses affirmations fausses et peu crédibles ». Enfin, ils concluent leur communiqué de presse en rappelant que les autorités judiciaires israéliennes et américaines avaient conclu qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes dans cette affaire pour justifier une inculpation. Quant à la Guinée-Conakry, principale intéressée dans ce dossier de corruption, elle s’est retirée de la procédure à la suite d’un accord financier passé avec Beny Steinmetz. 

 

Pour échapper à sa condamnation, l’homme d’affaires franco-israélien avait fait appel en 2023 auprès du Tribunal fédéral, l’équivalent de la Cour de cassation en France. Il a demandé de suspendre cette procédure dans l’attente d’un nouveau jugement cantonal.