Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) dénonce le meurtre à petit feu que l’État exerce contre le journaliste Mohamed Boughaleb, et le tient responsable des nombreuses maladies dont celui-ci souffre, aggravées par une négligence délibérée. De même, il condamne la situation de la journaliste Chadha Haj Mbarek qui mène une grève de la faim pour obtenir l’exercice d’un droit fondamental : consulter un médecin et soulager les douleurs qui l’affligent.
Le Comité affirme que les représailles, la vengeance et le meurtre à petit feu orchestrés par l’État contre les journalistes et les opposants sont la conséquence du discours de haine, de stigmatisation et de rancœur tenu par le chef de l’État envers tous ceux qui refusent d’adhérer, en paroles ou en actes, à son projet délirant, à ses menées dictatoriales, ses slogans populistes et ses obsessions complotistes. Un discours qui s’est intensifié après la parodie des récentes élections présidentielles, transformant aujourd’hui l’espace médiatique en un lieu presque exempt de toute critique, de discours indépendant et rationnel et où ne résonnent plus que les paroles populistes chères au président, relayées par sa redoutable machine de censure.
Il faut rappeler que, outre les prisonniers politiques qui sont détenus arbitrairement après l’expiration de la période de détention légale, de nombreux journalistes, tels que Mourad Zghidi, Borhane Bsaies et Sonia Dahmani, sont également emprisonnés tandis que d’autres, comme le journaliste Zied El Hani, sont l’objet de poursuites. Des blogueurs aussi ont été arrêtés et lourdement condamnés sur la base du décret-loi 54, un instrument utilisé par le président pour museler toutes les voix libres et opposées.
Témoignages :
Famille de Mohamed Boughaleb :
« Mohamed a été transféré de la prison de Mornaguia à celle de Karaka, dans une cellule étroite partagée avec d’autres détenus de droit commun. Il souffre d’une infection cutanée grave, son oreille droite est enflée et il a perdu l’audition de ce côté-là. Son diabète s’aggrave, il est constamment exposé au froid, et les médicaments prescrits par son médecin ne lui sont pas fournis… »
Famille de Chadha Haj Mbarek :
« Depuis un certain temps, Chadha est en grève de la faim et sa condition se dégrade chaque jour. Elle demande des antidouleurs pour soulager ses maux et une consultation médicale pour soigner les nombreuses maladies qui affectent chaque partie de son corps à cause de la négligence sanitaire et de conditions de détention inhumaines. Alors qu’elle partageait initialement sa couchette avec une autre détenue, elle doit maintenant la partager avec quatre personnes, et elle tente de réprimer ses gémissements pour ne pas déranger ses codétenues. Elle ne demande plus la liberté qu’elle sait mériter mais qu’elle sait aussi impossible à atteindre pour l’instant ; elle demande simplement des soins pour soulager ses douleurs et un lit où reposer ce qui son corps. »
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