Les cours du Pétrole flambent de nouveau

Après avoir taquiné la barre des 100 Dollars par baril en milieu de semaine, le cours du Pétrole Brent semble se stabiliser à l’ouverture du week-end autour de 91$/Bbl. Les prévisions les plus optimistes donnent la barre des 110$Bbl comme plausible à la fin de l’année, soit une augmentation de 27%  par rapport à 2022. À ce niveau-là, tout peut craquer de partout. D’autres diront que c’est parce que tout se met à craquer partout que le prix de l’énergie fossile se met à flamber ainsi.

Comme toujours, deux facteurs concourent à façonner la courbe des prix du Gaz et du Pétrole, la loi de l’offre et de la demande d’une part, dont le jeu est plus ou moins prévisible, et les bruits de bottes, dont l’intensité obéit à l’irrationnel.

Le premier facteur dépend des décisions de l’alliance de l’OPEP+ et de la façon dont celles-ci sont respectées ; elles sont prises par une coalition de producteurs mondiaux de Pétrole entraînés par la Russie et l’Arabie saoudite depuis leur regroupement en cartel. La Russie, qui se joue des sanctions infligées par les Etats-Unis et l’Union Européenne, n’a diminué le volume de ses exportations que de 300.000 barils par jour (tout en mettant la pagaille à cause de ses rabais intempestifs), et l’Arabie saoudite respecte la coupe du million de barils par jour à laquelle elle s’était engagée à Vienne au début du mois de juin dernier.

En dépit des dépassements de quotas du Venezuela et de l’Iran, dont l’Amérique tolère volontairement le non-respect des sanctions en vigueur, le cours du Pétrole Brent a donc augmenté de 10%, au lieu de se maintenir étale, alors qu’on ne remarque pas de reprise de la demande propre à justifier des tensions sur le marché.

Bruits de botte

C’est aux bruits de bottes actuels – la guerre d’Ukraine – et surtout à l’anticipation de crises politico-militaires ou sociales (comme des grèves en Australie, par exemple, sur des sites de production de Gaz liquéfié) actuelles ou à venir en mesure de bouleverser la structure et le flux des échanges qu’il faut attribuer la tension que l’on constate soudainement sur les prix de l’énergie. Parmi les risques palpables d’embrasement régional – outre la guerre d’Ukraine, qui pourrait s’intensifier et durer, et l’instabilité du continent africain, secoué par des coups d’états en rafale – les analystes retiennent trois endroits névralgiques, qui sont, en ordre d’imminence et de gravité, la Syrie, la frontière Sino-indienne, et l’Irak.

La Syrie instable

En Syrie, l’on redoute que les Américains secondés par les occidentaux n’ouvrent un second front en Syrie contre les Russes, qu’ils pourraient être tentés de bouter hors de leur base navale de Tartous et de leur base aérienne de Hmeimim,  en se servant du Régime de Bachar Al-Assad comme prétexte – d’où la démultiplication des émeutes savamment provoquées. À la frontière de l’Inde, malgré la poudre aux yeux de l’alliance des BRICS, qui n’impressionne nullement les milieux de la finance, il n’y a que l’embarras du choix pour une dangereuse altercation. Rn Irak, le pays est au bord de la guerre civile entre le pouvoir central de Bagdad et le Kurdistan Irakien : les salaires des fonctionnaires ne sont pas versés depuis trois mois par Bagdad, comme cela aurait dû être le cas, et, bien entendu, la Turquie et l’Iran jettent de l’huile sur le feu.

Si tout explosait en même temps, aucune instance internationale ne pourrait contenir une empoignade générale et Dieu seul sait quels sommets les cours de l’énergie atteindraient alors.