La Sonatrach, le puissant groupe de gaz algérien, suit avec une extrême attention la proposition du rachat des actions de la société espagnole Naturgy par le groupe énergétique émirati, TAQA
Naturgy est l’un des principaux clients de la société nationale des hydrocarbures, Sonatrach. L’agence Reuters annonçait le 7 mai dernier que l’opérateur émirati TAQA prendrait le contrôle du groupe énergétique espagnol Naturgy. Après l’échec des négociations, le groupe Emirati vient à nouveau de lancer une nouvelle tentative pour racheter des parts de Naturgy, selon le quotidien El Español en date du 7 février 2025. Les deux principaux actionnaires du géant énergétique espagnol, les fonds d’investissement GIP et CVC, détiennentt chacun 20 % du capital de Naturgy et seraient prêts à négocier avec Taqa . Ce qui permettrait aux Émirats de devenir le principal actionnaire de Naturgy
Que fera la Sonatrach alors que l’Algérie a maintenu sa place de premier fournisseur avec un pourcentage de 36,4% du total des expéditions de gaz naturel à destination de l’Espagne, devant la Russie (21,8%) et les Etats-Unis (18,8%)? Les relations entre l’Algérie et les Émirats sont au plus mal.
Depuis au moins deux ans, les titres algériens multiplient les reproches envers Abou Dhabi, qualifié de « capitale des embrouilles » par le journal arabophone privé El-Khabar. Le 12 décembre 2023, la radio publique avait accusé les Emirats d’avoir débloqué 15 millions d’euros au profit du Maroc pour « financer des campagnes médiatiques subversives ». Le média officiel, s’appuyant sur des « sources proches du dossier », affirmait que des campagnes de « désinformation et d’intox » sur les réseaux sociaux avaient pour but de « créer un climat de tension entre l’Algérie et les pays du Sahel ».
Début 2024, le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, avait présidé une réunion du Haut Conseil de sécurité. Le communiqué de la Présidence avait indiqué que cette réunion a été consacrée à l’examen de la situation sécuritaire qui prévaut dans les pays voisins. Dans ce contexte, expliquait le communiqué de la Présidence, « le Haut conseil de sécurité a exprimé ses regrets concernant les agissements hostiles à l’Algérie, émanant d’un pays arabe frère ». Ce pays « frère » n’était autre que les Émirats Arabes Unis.
En avril dernier, le Président Tebboune, plus explicite, se lâchait dans la presse. «Partout où il y a des conflits, l’argent de cet État est présent, au Mali, en Libye, au Soudan», a-t-il débiné, avant de renchérir: «Si tu cherches à avoir avec nous les comportements que tu as avec les autres, tu te trompes. Nous avons 5.630.000 martyrs morts pour ce pays. Ceux qui veulent s’approcher de nous, qu’ils le fassent».
La réaction des Émirats fut immédiate. Anouar Karkach, conseiller diplomatique du président émirati Mohammed ben Zayed Al Nahyane, dit MBZ, et ancien ministre émirati des Affaires étrangères, a choisi X (anciennement Twitter) pour répondre en ces termes: «Comportement étrange et bizarre de la part de l’un des pays frères qui choisit les sous-entendus et les murmures sur ses relations avec les Émirats, et qui recourt à des insinuations à peine voilées sans clarifications ni explications.»
Les malentendus entre les deux pays viraient à la crise ouverte!