Le petit monde du football ivoirien d’ordinaire agité n’a pas retrouvé son calme après la brillante victoire des Eléphants à la CAN 2023. Bien au contraire…
Bati Abouè
La démission, ce mardi 20 février, du président du FC Shadrac, Jean-Jacques Koffi Kouakou, du comité exécutif de la FIF, a été un nouvel épisode dans la polémique qui continue d’enfler autour de la Fédération ivoirienne de football malgré la victoire probante des Eléphants à la CAN organisée par la Côte d’Ivoire. Le FC Shadrac est un petit club de première division basé à Marcory, au sud de la ville d’Abidjan. Son président compte parmi les soutiens affichés de Didier Drogba, l’ancienne star de Chelsea dont l’ambition de diriger la FIF avait été contrariée il y a deux ans. Jean-Jacques Koffi Kouakou avait rejoint le comité exécutif dans le cadre de la politique d’ouverture prônée par le nouveau président qui avait également enrôlé Didier Drogba comme ambassadeur de la FIF.
C’est pourquoi cette démission dont les raisons n’ont pas été explicitées a suffi à raviver la pression populaire autour président de la FIF, Idriss Diallo, que des millions d’Ivoiriens aimeraient voir démissionner de son poste malgré son tout récent titre de champion d’Afrique. M. Diallo paie à la fois sa campagne électorale contre Didier Drogba, mais surtout la lourde défaite (0-4) contre la modeste équipe de la Guinée Equatoriale en clôture des matchs du premier tour de la CAN.
La rue en colère
Cette cuisante défaite a été ressentie comme un désastre national parce que le président de la FIF avait toujours soutenu son entraîneur français, Jean-Louis Gasset, contre la rue ivoirienne et parce qu’il avait opposé sa morgue habituelle à tous les doutes exprimés à l’encontre de celui-ci. En retour, les Ivoiriens ne perçoivent pas la victoire finale à la CAN comme la réussite de son management d’autant plus qu’Idriss Diallo avait réagi au vent de panique qui a déferlé après la défaite en négociant, dans le dos de son entraîneur intérimaire, Emerse Faé, avec Hervé Renard malgré son contrat avec la Fédération française de football (FFF).
Ainsi, lors de la présentation du trophée de champion d’Afrique à la population, au lendemain de la victoire (2-1) sur le Nigéria, le président de la FIF a été hué par les 35.000 spectateurs qui ont pris d’assaut les gradins du stade Félix Houphouët-Boigny archicomble. « On veut Drogba ! », chantaient-ils inlassablement ; ce qui a mis mal à l’aise M. Diallo qui se faisait encore chahuter, le lendemain, par des députés lorsqu’il expliqua que lui et ses collaborateurs n’ont jamais douté malgré l’incroyable scénario.
Des doutes et la colère
Lundi 19 février, Idriss Diallo a fait une déclaration dans laquelle il confirme Emerse Faé au poste d’entraîneur titulaire des Eléphants. Ce jeune coach sans expérience a en effet permis de sauver l’honneur de la Côte d’Ivoire qui est passée près d’une nouvelle élimination au premier tour après quarante années. C’est probablement pourquoi le président Ouattara n’a pas hésité à lui offrir 100 millions pour le récompenser. Le nouvel entraîneur des Eléphants doit maintenant préparer les prochaines phases de qualification de la coupe du monde. Tout va donc bien pour lui mais pour les détracteurs du président de la FIF, il faut qu’Emerse Faé ait le même salaire que Jean-Luis Gasset, 75 millions de CFA, soit un peu plus de 100.000 euros par mois. Or, pour l’heure, ce n’est pas encore le cas.
Ces diverses critiques exercent des pressions considérables sur le patron de la FIF qui ne s’en émeut ouvertement qu’en privé. A tel point que pour ses partisans, la seule façon de mettre fin à ses attaques répétées sur les réseaux sociaux serait que Didier Drogba en appelle à la compréhension et au respect de ses soutiens, ne serait-ce que « pour le titre que la Côte d’Ivoire vient de remporter et qui est le fruit de sa politique quoiqu’on puisse en dire », s’agace un proche du président de la FIF. Parce que « c’est en faisant corps avec la FIF et les autres dirigeants de clubs qu’il pourra un jour diriger la FIF », pronostique un autre.
Cette supposée déstabilisation du président en exercice de la FIF attise la colère d’anciens partenaires de jeu de Didier Drogba qui sont dans l’équipe d’Idriss Diallo. Lors d’une émission télé, l’ancien parisien Bonaventure Kalou n’a d’ailleurs pas manqué de s’en prendre aux « professionnels qui ont abandonné l’équipe ». Aucune allusion objective à Didier Drogba mais, dans le landernau sportif, c’est bien contre l’cône national que l’ancien maire de Vavoua qui a récemment pris sa carte de militant du parti au pouvoir, a dégainé.