Un ancien porte-parole de Human Rights Watch a été détenu et expulsé du pays. Et annulée la conférence sur la justice pour les vitimes des abus commis par Hissène Habré.
(Nairobi, 4 octobre 2024) – Le 2 octobre 2024, la police tchadienne a forcé l’annulation d’une conférence prévue dans la capitale, N’Djamena, lors de laquelle il devait y avoir des discussions sur la justice pour les victimes des abus commis par Hissène Habré, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. La police a également détenu un ancien conseiller juridique de Human Rights Watch, qui devait être l’intervenant principal lors de l’événement.
Président du Tchad entre 1982 à 1990, Habré impose une dictature à parti unique gouvernée par son Union nationale pour l’indépendance et la révolution (UNIR), sous laquelle le pays éprouve une violation généralisée des droits de l’homme. Il reçoit le soutien de la France et des États-Unis tout au long de son régime en raison de son opposition au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
« Cibler des activistes des droits humains qui demandent justice souligne la gravité des injustices auxquelles font continuellement face les victimes de Hissène Habré », a déclaré Tirana Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch. « Au lieu d’étouffer les discussions à ce sujet, le gouvernement devrait finaliser le processus de compensation totale aux victimes de Habré qui souffrent depuis longtemps. »
La section presse et culturelle de l’ambassade des États-Unis à N’Djamena, en partenariat avec le Centre d’Étude et de Formation pour le Développement (CEFOD), avait organisé cette table ronde. Les intervenants principaux devaient être Reed Brody, un ancien conseiller juridique et porte-parole de Human Rights Watch qui avait mené le travail de l’organisation sur Hissène Habré, et Jacqueline Moudeina, une éminente militante des droits humains qui a longtemps travaillé sur l’affaire Habré. Brody était également présent pour discuter de l’édition française de son livre, « La Traque de Hissène Habré : Juger un dictateur dans un monde d’impunité ».