Même si la dissolution de l’Assemblée nationale était attendue depuis plusieurs semaines au Sénégal, la mesure divise désormais le pays impatient de voir le président Diomaye Faye appliquer enfin son programme.
Au Sénégal, il y a des pour et contre les législatives anticipées du 17 novembre prochain. Depuis plusieurs semaines, la dissolution était pourtant devenue la seule clé de sortie possible face à la tension qui montait inexorablement entre le Chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye et le Parlement dominé par l’opposition. La crise était d’ailleurs montée de plusieurs crans lorsque la majorité parlementaire a retoqué le projet de révision de la constitution destiné à supprimer le Haut conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental.
Le régime et le parti au pouvoir ont décidé « de dissoudre l’Assemblée, affirme Aïssatou Diallo, parce qu’ils y voient leur intérêt. Mais ce qui importe réellement, c’est de donner du temps au nouveau gouvernement pour mettre en œuvre son programme au bénéfice des Sénégalais ».
Les parrainages contournés
En revanche, du côté des partisans du Président, le discours n’est guère nuancé. Par exemple pour Seydou Sow, «la dissolution du Parlement est une bonne décision compte tenu de la configuration de l’Assemblée nationale qui ne correspond pas aux ambitions du projet du Pastéfien. Cette décision est normale et légale, car jusqu’à présent, le président n’a violé aucune loi ».
En revanche, l’opposition voit la dissolution est perçue comme un « bluff », juge Moussa Diakité, ancien député de la majorité parlementaire. La précipitation, ajoute-t-il, est une mauvaise chose. « Ils veulent que l’élection se tienne dans 60 jours, mais que faire de la loi sur le parrainage ? Où est l’avis du Conseil constitutionnel, qui devrait être rendu public ? Nous devons comprendre les subterfuges utilisés pour contourner le parrainage. Sinon, après avoir manipulé les Sénégalais tout en continuant dans le bluff, ils s’engagent dans une logique de tricherie et de vol aux prochaines élections. »
Une certitude, l’opposition doit lutter contre la multiplication des listes dans son camp, analyse André Bakhoum. Pour lui, une telle situation serait avantageuse pour le régime. Car « dans notre système, celui qui obtient le plus de voix remporte directement le département », prévient-il.