Le retrait des français du Niger; entre 200 et 400 millions d’euros

Le désengagement militaire du Niger, annoncé par le président Macron, le 24 septembre dernier, soit deux mois après le coup d’État ayant renversé Mohamed Bazoum, son homologue nigérien, ne sera pas sans conséquences financières… d’autant plus que le départ des troupes françaises du pays ne se fait pas dans les conditions les plus simples, avec la nécessité de rejoindre, pour une part, le Tchad, via une route qui, longue de 1600 km, traverse des zones dangereuses, comme celle de Diffa [est du Niger], où les jihadistes de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest [ISWAP] sont actifs.

Lors d’une audition au Sénat, le 11 octobre, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a estimé que ce désengagement du Niger pourrait être coûteux si on le compare à celui du Mali, l’an passé.

« Le redéploiement logistique en tant que tel va avoir des conséquences budgétaires. Si on prend globalement ce qui s’est passé pour le Mali, mais c’est un peu tôt pour être complétement définitif sur un chiffrage, on pourrait être entre 200 et 400 millions d’euros. Et quand on dit ça, en général, on est souvent plus près des 400 que des 200 », a indiqué M. Lecornu, avant de préciser que ce montant tiendrait compte du coût de la « remise en condition opérationnelle des matériels ».

En tout cas, le désengagement a déjà commencé. Ce 12 octobre, l’État-major des armées [EMA] a indiqué que sept rotations d’aéronefs [A400M, a priori] avaient été réalisées depuis la base de Niamey, « avec à leur bord les premiers détachements relevés, du fret et des véhicules blindés » et qu’un convoi d’une trentaine de véhicules blindés et civils avait « quitté les emprises de Ouallam et de Tabarey Barey pour rejoindre le Tchad ».

« Le Niger était une base qui était au service des Nigériens. Dès lors qu’ils ne combattent plus le terrorisme, on se retire. On ne va pas combattre les terroristes à la place des juntes qui ne souhaitent plus le faire. Je pense que c’est le moment de vérité. Ce n’est pas un échec de la diplomatie française. C’est un échec terrible pour les populations » sahéliennes, a ensuite fait valoir le ministre.

Quoi qu’il en soit, les opérations au Sahel étant désormais terminées, le projet de loi de finances 2024 a revu à la baisse la provision pour les opérations extérieures, avec un montant de 800 millions d’euros.

 

Par ailleurs, les missions Aigle et Lynx, qui, menées dans le cadre de l’Otan au profit de la Roumanie et de l’Estonie, concernent en premier lieu l’armée de Terre, ne sont pas entièrement financées par l’enveloppe dédiée aux OPEX. Du moins, c’est ce qu’a affirmé le général Pierre Schill, son chef d’état-major [CEMAT], à l’Assemblée nationale, le 11 octobre.

« L’activité que ces unités développent en Roumanie, y compris les tirs et les manoeuvres conjointes avec nos alliés, contribue à la préparation opérationnelle et rentre donc dans l’enveloppe générale de la préparation opérationnelle de l’armée de Terre », a en effet affirmé le général Schill.