Le mercredi 30 mai à Bagnolet en banlieue parisienne, les deux grandes organisations islamiques turques dont est issu Ahmet Ogras, l’actuel président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), offraient une rupture du jeûne (Iftar).
Malgré la présence du jeune et francophone ambassadeur de Turquie (accompagné de plusieurs chaînes de télévision turques), la vedette de la soirée était sans conteste son homologue séoudien. Les « représentants » de l’Islam de France qui incriminent régulièrement le wahabisme dans les médias ou dans les antichambres des Palais nationaux, ont fait assaut d’amabilités envers son excellence l’Ambassadeur séoudien, qui détient, on le sait, le robinet de la manne pétrolière.
Une ambiance morose
Beaucoup de ces notables regrettaient l’absence des représentants du ministère de l’Intérieur qui honoraient habituellement de leur présence ces réunions conviviales autour de la rupture du jeune. C’est que l’Islam de France, représenté par le CFCM) est dirigé par un turc. ET le climat est un peu tendu entre Paris et Ankara, durci encore par l’affaire de la une du « Point » sur « le dictateur » Erdogan où l’on a vu Emmanuel Macron dénoncer les pressions sur les kiosquiers pour ne pa vendre le magazine.
La déception était visible quand un intervenant a annoncé que l’Iftar offert par la République à ses musulmans, via leurs « représentants » sera présidé par le Premier ministre Edouard Philippe et non par Emmanuel Macron comme ce fut le cas l’an dernier.
Ces habitués aux confidences du bureau central des cultes, rattaché au ministère de l’Intérieur, supportent difficilement le suspens maintenu par Macron qui a reporté plusieurs fois son discours sur la laïcité (autrement dit sur l’Islam). Ils n’ont droit qu’aux fuites calculées, comme celle qui présenta Hakim El Karoui, Gilles Kepel et Haïm Korsia comme « conseillers » du président sur l’islam.
Le grand rabbin s’en mêle
Les conversations ont tourné autour des dernières déclarations du grand rabbin de France. Lequel vient de créer une agitation dans le landernau des « représentants » de l’islam » en proposant la création du poste de « grand imam » de France, inspiré du régime de l’ex président tunisien Ben Ali. Dans la foulée, il a proposé nomination du très contesté Tarek Oubrou à la tête de la nouvelle structure
La nervosité masquée par des sourires crispés a marqué l’intervention de l’Algérien Abdallah Zékri, un des hommes clés de la Mosquée de Paris, qui, à 78 ans, découvre les vertus de la « non-ingérence de l’Etat laîque dans les affaires religieuses ». De tels propos étonnants dans la bouche de celui qui avait mené une campagne inouïe contre Ahmet Ogras dont il convoitait la place à la tête du CFCM.
En attendant le grand discours toujours annoncé, toujours remis, d’Emmanuel Macron sur l’Islam en France, chacun cherche à placer ses pions.