Qui a tué les soldats français en Côte d’Ivoire le 6 novembre 2014? Dix sept ans après le bombardement meurtrier en Côte d’Ivoire, un procès bien tardif devant la cour d’Assises de Paris ne fournit aucune explication convaincante.
Une chronique de Michel Galy
Qui a donné réellement l’ordre de bombarder la base française de Bouaké dans un pays partagé entre les rebelles de Guillaume Soro au Nordet l’armée loyaliste de Laurent Gbagbo au Sud ? Deux thèses s’affrontent. Le procès qui vient d’avoir lieu à Paris, hélas, n’a pas tranché, faute d’aveux et de preuves.
Le mardi 23 avril dernier, la scène était surréaliste devant le Tribunal de l’île de la Cité, au cœur de Paris. Michelle Alliot Marie, ex Ministre de la Défense en 2004, était copieusement huée par les familles des 9 morts et 30 blessés français, victimes d’un bombardement de deux avions Sukkoi ivoiriens. Cette ministre successivement titulaire sous Jacques Chirac des trois ministères régaliens, dont la Défense mais aussi les Affaires étrangères et l’Intérieur, n’en menait pas large. Elle n’était pas la seule.
Les extrèmistes pro Gbagbo
Selon la hiérarchie militaire, beaucoup de coupables possibles, coté ivoirien, de ce raid meurtrier, à l’exception de Laurent Gbagbo lui même! Ce qui ne manque pas de sel, quand on se remémore la lutte acharnée, sous les présidences Chirac et Sarkozy, pour faire tomber coûte que coûte ce dirigeant atypique, qui s’est toujours refusé à être « un sous préfet français »! Qui alors coté ivoirien ? Les généraux et politiques français se sont livré à des supputations accusatrices contre le « clan des « durs » du régime Gbagbo: Mamadou Koulibaly, Cadet Bertin, voire la première Dame Simone Gbagbo, au choix et sans grande certitude.
Maitre Jean Balan, avocat des militaires français blessés et les familles aura tenu le procès à bout de bras. On l’a vu ferrailler 17 ans durant contre l’appareil d’État français, politique et judiciaire. À l’origine plutôt partisan de la droite militariste et patriote, rien de le destinait à découvrir une thèse dérangeante, qu’il expose en détail dans son ouvrage « Crimes sans châtiments »( éditions Max Milo, 2020).Selon lui, même si les preuves manquent, il s’agirait d’une manipulation qui a très mal tourné ! Les services auraient retourné ou corrompu les deux pilotes biélorusses pour provoquer un bombardement symbolique du camp de Bouaké -qui n’aurait pas dû faire de victimes.
La disparition des slaves retenus à l’aéroport d’Abidjan par la Force Licorne et l’expulsion par les autorités françaises des biélorusses interpellés au Togo qui interrogés, auraient pu faire éclater la vérité constituebt le point clef de sa démonstration.
Une omerta générale
Mais 17 ans après pourquoi les notables chiraquiens et sarkosystes entretiendraient ils encore une telle omerta? D’autant que bien des détails remettent en cause la possible culpabilité de certains partisans de Gbagbo. Ainsi l’inexplicable fermeture du foyer du camp de Bouaké le jour du bombardement, ou le traitement des neuf cadavres de militaires français enterrés à la va vite et sans autopsie.
Le but ? Mettre fin à l’opération « Dignité » , lancée contre Bouaké par l’armée loyaliste du président Gbagbo qui menaçait les rebelles armés? Il fallait donner à l’armée française une occasion de représailles, voire fomenter un coup d’État pour renverser le président Gbagbo. Les 60 chars de la colonne Destremeau, venue de Boauké, se sont retrouvés face à la résidence du président ivoirien à Abidjan, la veille du carnage par les forces françaises de l’Hôtel Ivoire et des ponts d’Abidjan. Résultat: 83 civils abattus et plus de 2000 blessés.
Les pilotes ont été condamnés à perpétuité par contumace à la fin du procès, sans que les commnaditaires soient connus