Le Prix Maurice Audin de mathématiques a été créé en France en 1958, à l’initiative de Laurent Schwartz et d’autres mathématiciens éminents mobilisés pour faire connaître la vérité sur l’arrestation, la torture et l’assassinat par les parachutistes commandés par le général Massu, du mathématicien âgé de 25 ans, Maurice Audin. Aux côtés de son épouse Josette Audin, il militait à Alger pour l’indépendance de l’Algérie au sein du parti communiste algérien, en contact avec le FLN algérien. Entre 1958 et 1963, le Prix Audin de mathématiques a été décerné à des chercheurs qui étaient ou allaient devenir des mathématiciens prestigieux.
Peu avant, alors que Maurice Audin avait été assassiné en juin 1957 par des militaires français, Laurent Schwartz et les membres du jury de la thèse de mathématiques qu’il s’apprêtait à soutenir ont organisé en décembre 1957, dans un amphithéâtre de la Sorbonne, une soutenance de celle-ci, in abstentia. Ce fut un grand moment de mobilisation de l’université française contre les violations des droits de l’homme commises par l’armée française en Algérie.
Une quarantaine d’années plus tard, sous l’impulsion du mathématicien Gérard Tronel (qui, alors étudiant, avait été membre en 1957 du Comité Audin) et de Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris, le Prix Audin renaissait sous une nouvelle forme. Depuis 2004, d’abord chaque année puis tous les deux ans, le Prix Maurice Audin de mathématiques récompense simultanément deux chercheur.es en mathématiques, l’un.e exerçant en France et l’autre en Algérie.
L’Association Maurice Audin a été créée en même temps que le nouveau prix, dans le but d’en assurer le fonctionnement et le financement, et de perpétuer la mémoire de Maurice Audin – elle a pris en 2019, après le décès de Josette Audin, le nom d’Association Josette et Maurice Audin (AJMA). Le prix bénéficie du soutien scientifique de la Société Mathématique de France (SMF) et de la Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles (SMAI), ainsi que du soutien logistique de l’Institut Henri Poincaré (IHP). Mais c’est l’AJMA Audin qui en assumait seule le financement.
Des discussions entre l’AJMA, la SMF, la SMAI, l’INSMI (Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions, CNRS), l’Académie des sciences et le ministère algérien de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MESRS) ont abouti à un accord sur l’établissement d’une convention entre tous ces partenaires, qui précise les modalités d’organisation et de financement du prix Audin (appel à candidatures, constitution et fonctionnement du jury, règles d’attribution du prix, remise du prix en France et en Algérie, accueil des lauréats dans des laboratoires de recherche dans le pays tiers, contribution financière des différentes parties contractantes).
Une cérémonie solennelle à l’Académie des sciences
Aux termes de cette convention, c’est désormais l’Académie des sciences qui assurera le secrétariat du Prix Audin et c’est Étienne Ghys, secrétaire perpétuel de l’Académie, qui présidera le jury.
La convention pour le prix Audin est une avancée majeure dans la coopération scientifique entre l’Algérie et la France. Elle acte la pérennisation du prix Audin de mathématiques et témoigne de la volonté de renforcer les échanges scientifiques entre les deux pays.
La signature de la convention a eu lieu lors d’une cérémonie solennelle à l’Académie des sciences, à Paris, le 7 mai 2024, en présence de représentant.es de toutes les parties prenantes et de l’ambassadeur d’Algérie en France.