Six semaines d’intenses cogitations auront donc été nécessaires pour dénicher un nouveau chef de gouvernement, Anatole Collinet Makosso, très proche d’Antoinette Sassou N’Guesso, l’épouse du Président congolais.
Il est vrai que la tâche s’annonce immense, comme nous le rappelle d’ailleurs curieusement Jeune Afrique qui avait célébré les extraordinaires prouesses du régime pendant la campagne présidentielle. Mais ce magazine au mieux avec le régime congolais explique aujourd’hui qu’il s’agit « de lutter contre la corruption, améliorer les conditions d’accès à l’eau et à l’électricité, et faire face aux problèmes sociaux, tel le paiement des arriérés des pensions de retraite ». C’estdonc sur un distingué universitaire, Anatole Collinet Makosso, que s’est donc porté le choix de Sassou dit « l’Empereur ».
Un faible poids politique
Né à Pointe-Noire, âgé de 55 ans, Anatole Collinet Makosso est un Vili (une ethnie du sud du pays), ce qui doit – sur le papier – être interprété comme un signe d’ouverture politique, le sud du Congo-Brazza étant très majoritairement hostile à Sassou. Las, si Makosso, professeur de droit et ancien ministre de l’Education, est l’auteur de nombreux savants ouvrages, il pèse d’un poids politique insignifiant. Il n’a aucune chance de s’imposer face aux dinosaures du régime, tel Jean-Jacques Bouya, et autres M’Boulou, Pierre Oba, les futurs membres de son gouvernement, et pour nombre d’entre eux candidats à la succession de Sassou.
Si le nouveau Premier ministre apparaît comme un homme modéré, policé et consensuel, il doit toute sa carrière à Antoinette Sassou N’Guesso, épouse du Président, dont il est le filleul et fut le directeur de cabinet. Les méchantes langues le surnomment ainsi « le toutou d’Antoinette ».L’indice de sa future nomination pointait dans les « Dépêches de Brazzaville » (6 avril dernier), le quotidien officiel, qui lui consacrait alors la « une » et une interview d’une double page.
Le futur chef de Gouvernement de la République du Congo, par ailleurs auteur d’un ouvrage de poésie intitulé « Pour Edith », en hommage à la fille défunte (et chérie) de Sassou N’Guesso, étale dans cet entretien toute l’étendue de sa bonne volonté et de… son allégeance.