Depuis le début de l’épidémie du coronavirus, une répression de plus en plus forte s’abat sur les médias algériens. Une chronique de Yasmine Saih
«La main des censeurs ne tremble pas (…) lematindalgerie.com est la cible d’un blocage en règle. Lapidaire », accuse la direction dans un communiqué disant refuser « l’imposture, les louanges des puissants de l’heure et la connivence intéressée ». Un autre site d’information s’ajoute à la liste des journaux subissant la censure des autorités algériennes, a fait savoir un communiqué du Matin d’Algérie qui a dénoncé une atteinte à la liberté de la presse dans le pays.
Depuis l’élection du président Abdelmadjid Tebboune, élu avec un taux de participation historiquement bas, la presse algérienne et les journalistes sont de plus en plus menacés par les autorités algériennes. Plusieurs titres et sites web ont fait l’objet de censures et de blocages de diffusion en Algérie.
Et les journalistes se montrent de plus en plus inquiets concernant la liberté de la presse et d’expression depuis l’emprisonnement du journaliste Khaled Drareni qui s’est fait remarquer par ses tweets et nombreuses interventions sur des plateaux de télévision de chaines étrangères pour rendre compte de la situation en Algérie notamment concernant le Hirak algérien, ce mouvement populaire anti-système qui a précipité la chute de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.
Plusieurs autres journalistes algériens sont actuellement détenus ou font l’objet de poursuites judiciaires dans le cadre de leur couverture des manifestations du Hirak.
Mardi, la direction du site d’information Le Matin d’Algérie, a indiqué que les autorités algériennes ont « bloqué » le site. Une censure qui est « le marqueur de ceux pour qui la liberté de la presse est une simple formalité », de ceux qui « ne conçoivent la liberté de la presse que dans la servitude et le renoncement à l’impertinence », ajoute la direction.
Le Matin d’Algérie complète une longue liste de médias ayant fait les frais du système algérien emmené par Abdelmadjid Tebboune, qui semble chercher à museler encore plus les journalistes et toute personne voulant s’exprimer après la récente réforme du code pénal qui désormais criminalise la « désinformation », doublée d’une loi visant à combattre les discours de haine en ligne.
L’amendement du code pénal qui a été adopté en première lecture dans un Parlement à moitié vide, criminalise la désinformation qui porterait « atteinte à l’ordre public, à la sûreté de l’Etat et à l’unité nationale ». Le pouvoir algérien qui a fait face à presque 1 an de manifestations pro-démocratie sans discontinuer, semble profiter de l’épidémie du coronavirus qui impose un confinement de la population pour régler ses comptes avec la presse, les internautes, les opposants politiques, et enterrer cet élan démocratique dans le pays.
Les sites d’informations Maghreb Emergent, Interlignes, DZVid ainsi que Radio M, ont tous affirmé avoir été « bloqués » par les autorités algériennes. Et le premier site en date ayant fait les frais d’un blocage n’est autre que TSA, Tout Sur l’Algérie, l’un des sites d’information les plus suivis.
*Source : Hespress