Le journal El Watan dans le collimateur du pouvoir algérien

Le quotidien francophone  El Watan a été privé de publicité publique après un article sur la fortune des enfants du défunt chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah

L’enquête d’El Watan détaillait comment les deux fils du général défunt ont amassé « une fortune colossale ». Selon le quotidien  les deux fils de l’ex-chef d’état-major sont frappés d’interdiction de sortie du territoire algérien (ISTN) et font l’objet d’une « enquête judiciaire ».

Le linge sale en famille

On pouvait penser que ces informations étaient distillées par l’Etat Major de l’armée algérienne qui pratique une vaste purge parmi les proches de Gaïd Salah, au mieux écartés de leurs fonctions et au pire condamnés à de la prison. Et bien pas du tout, les autorités algériennes ont manifesté leur hostilité à toute information mettant en cause l’entourage de l’ancien patron de l’armée. Il semble que les généraux qui gouvernent le pays préfèrent laver leur linge salle en famille, sans publicité excessive à l’extérieur de la forteresse militaire

Je confirme que le journal a été privé de publicité publique après la publication de cet article« , a déclaré à l’AFP, le directeur du journal Tayeb Belghiche. « C’est comme à l’époque de Saïd et Abdelaziz Bouteflika (l’ex-président déchu et son frère). Ce sont des pressions et des chantages intolérables », a-t-il dénoncé. 

Des menaces de mort

L’auteure de l’article en question, la journaliste Salima Tlemçani- que des mauvaises langues nomment « la journaliste sécuritaire », voire « la colonelle », qui a toujours eu des informateurs privilégiés au sein des services algériens de l’ex DRS,  a déclaré avoir reçu des menaces de mort. On ne comprend toujours pas qui dit la vérité dans cette histoire mais ce couac vient rappeler à ceux- et celles- qui pensaient que les hommes du Général Saïd étaient à terre que les choses sont plus compliquées et que la guerre des clans continue dans l’opacité brumeuse de la politique 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)