Alors que le Conseil européen a entériné ce mardi matin la nouvelle règlementation contre les produits issus de la déforestation, deux enquêtes publiées en parallèle montrent comment le groupe Wagner parvient à exporter, y compris en Europe, du bois de Centrafrique. Des informations de RFI
Des essences brunes-rouges de sapelli, un bois fin d’Afrique centrale utilisé en menuiserie, ont été vendues au Danemark et en France par l’entreprise Bois rouge, affirme l’organisation britannique Earthsight, qui documente des crimes contre l’environnement. En 2022, l’entreprise a été le septième exportateur de bois centrafricain vers l’Union européenne : elle y a vendu 465 m3 de bois de sapelli.
Les liens de Bois rouge avec Wagner ont été révélés dans une enquête internationale en juillet dernier, mais depuis, l’entreprise s’est adaptée. En décembre, elle a changé de nom pour devenir Wood International Group, une compagnie toujours basée à Bangui qui a hérité des permis et du numéro fiscal et douanier de Bois rouge, selon CBS. Avec les organisations All Eyes on Wagner et Dossier Center, la chaîne américaine a suivi le parcours d’une cargaison de bois, des forêts de la Lobaye au port camerounais de Douala.
« L’entreprise a changé de nom parce qu’on l’a exposée, ce qui a mis à mal ses affaires. Elle s’est séparée de la directrice de l’époque parce que l’idée est de continuer ses affaires tout en étant cachée. Tout leur circuit logistique a également été revu et ils ont placé des écrans entre eux et l’arrivée au Cameroun », détaille Lou, de All Eyes on Wagner.
L’exploitation intensive menée par Bois rouge contrevient à la règlementation européenne. C’est pour cela que l’entreprise cible désormais des marchés ayant des règles plus souples, en Asie et dans les pays du Golfe. Elle a aussi pour conséquence de contraindre les populations locales pygmées à quitter leurs terres ancestrales.