La réforme du Conseil de sécurité afin d’attribuer au moins un siège permanent pour l’Afrique que la représentante américaine fient de relancer reste pour l’instant un serpent de mer.
Depuis quelques années, du Royaume Uni à l’Allemagne en passant par la Russie, ces Etats proposent que l’Afrique ait une place au Conseil de sécurité, manière d’essayer de redorer son blason sur le Continent. En août dernier, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres joignait sa voix à ces pays en critiquant « le manque de représentation de l’Afrique » qui selon lui portait atteinte à la « crédibilité « de l’institution et « à sa légitimité mondiale ».
Le 12 septembre, cette idée a reçu un soutien important, celui de la représentante américaine à l’ONU, Linda Thomas Greenfield qui ne réclame pas un mais deux sièges pour l’Afrique. Les Etats-Unis à la peine sur le Continent tiennent eux-aussi à soigner leur image.
Un train peut en cacher un autre…
Cette proposition aussi séduisante soit elle présente plusieurs défauts et obstacles majeurs. D’une part, il n’est pas question que l’Afrique obtienne un droit de véto, les cinq membres permanents qui disposent de ce droit ne sont pas prêts à cette grande réforme qui les fragiliserait et pourrait remettre en cause leurs prérogatives. D’autre part, l’Afrique n’est pas un Etat, mais un continent de 55 pays qui ont des intérêts parfois divergents et ne partagent pas tous les mêmes vues géopolitique. Avant que tous trouvent un consensus sur le ou les noms des pays qui siégeront au Conseil de sécurité l’eau coulera sous les ponts. Enfin et c’est peut être le point aveugle le plus important, un siège pour le continent créerait un précédent qui ouvrirait la voie vers un siège pour l’Union européenne. Une vieille antienne de l’Allemagne qui milite en ce sens depuis plusieurs années. Une volonté de Berlin que Paris a toujours combattu puisque cela se ferait à son détriment. La France seul membre permanent au Conseil de sécurité de l’UE y perdrait sa place.