Rio Tinto, BHP sont venus à Riyad à l’invitation du gouvernement saoudien qui leur fait miroiter les richesses géologiques de son sous-sol.
L’Arabie Saoudite, le plus grand pays exportateur de pétrole au monde, croit que son territoire désertique recèle beaucoup plus que des hydrocarbures. Les responsables saoudiens courtisent aujourd’hui les plus grandes sociétés minières pour les inciter à exploiter des gisements de minéraux qui pourraient rapporter aux caisses du Royaume des dizaines de milliards de dollars. Plus de 7 000 participants en provenance de plus de 100 pays, ont participé dans la seconde semaine de janvier, à une conférence a Ryadh destinée à attirer les investisseurs étrangers. Rio Tinto, BHP Group, Barrick Gold et bien d’autres, ont pris la parole à l’occasion de cette conférence.
Une industrie minière existe déjà dans le pays qui génère un chiffre d’affaire de 1.3 milliard de dollars (cuivre, zinc, phosphates, uranium, or). Les résultats d’une nouvelle enquête géologique sont attendus d’ici 2027.
L’irruption de l’Arabie saoudite dans le secteur de l’extraction minière – un marché mondial de 2 000 milliards de dollars – fait partie d’un programme ambitieux lancé il y a sept ans par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Baptisé Vision 2030, ce programme vise à sortir le pays de sa dépendance aux hydrocarbures tout en modernisant ses structures économiques et sociales.
Il est remarquable de constater que l’assouplissement des normes islamiques strictes concernant les relations hommes-femmes, les relations musulmans-non musulmans, et les liens saoudiens-non saoudiens a été mené en parallèle à l’émergence de nouvelles industries comme le tourisme, le sport de compétition ou le divertissement.
Aujourd’hui, pour sortir d’une économie de rente et s’ouvrir aux investissements étrangers, les responsables saoudiens ont révisé leur loi sur les investissements miniers en 2021 et après consultations avec les acteurs de l’industrie, ils ont délivré trois licences d’exploration en 2022, et cinq autres sont attendues cette année.
La multinationale Barrick Gold a signé en janvier 2023 deux joint-ventures avec la société minière publique Ma’aden pour explorer le cuivre dans l’ouest de l’Arabie saoudite. Barrick Gold est également intéressé par les potentialités aurifères de l’Arabie Saoudite.
Les autorités saoudiennes sont également persuadées que l’enquête géologique en cours révélera de nombreux gisements potentiels.
L’un des minerais ciblés est l’uranium destiné à l’énergie nucléaire civile. Le prince Abdulaziz bin Salman, ministre saoudien de l’Énergie, semble compter beaucoup sur les ressources en uranium qu’il croit suffisamment importantes pour envisager une exploitation de type industriel.
Les investissements directs étrangers ont atteint 19,3 milliards de dollars en 2021. Ils auraient sans doute été plus importants, si les investisseurs étrangers n’avaient marqué une certaine frilosité politique en raison de l’impact médiatique du meurtre du journaliste Kamal Kashoggi.
Outre les capitaux étrangers, l’Arabie Saoudite entend attirer aussi les technologies de pointe dans tous les domaines. Et pour ce faire, elle n’hésite pas à investir elle-même à l’étranger. Ainsi, Ma’aden a annoncé un investissement de 126,4 millions de dollars pour une participation de 9,9% dans Ivanhoe Electric , une société américaine d’exploration et de développement de minéraux. En parallèle, les deux sociétés forment une coentreprise pour utiliser la technologie de levé géophysique exclusive d’Ivanhoe pour rechercher du cuivre, de l’or et de l’argent sur près de 19 000 milles carrés de territoire saoudien.