L’ancien président Moncef Marzouki: « La Tunisie, une mascarade démocratique »

Voici la déclaration de l’ancien président tunisien, Moncef Marzouki, après sa récente condamnation à quatre ans de prison par la justice de son pays désormais entre les mains du président Kaies Said qui a mis fin à la transition démocratique que connaissait la Tunisie depuis le départ du pouvoir de l’ex président Ben Ali en 2011.

« Après avoir été la fierté des peuples du monde arabo musulman, la Tunisie est devenue une mascarade démocratique par la grâce d’un homme aux épaules larges. Il a renversé les équilibres constitutionnels, divisé les tunisiens comme jamais auparavant, a ouvert les portes aux services de renseignement égyptiens d’agir librement dans le pays. C’est cet homme qui m’accuse de trahison.

Contrairement à moi, lui sera jugé tout en ayant un procès équitable avec des avocats choisis à sa convenance, le procès aura le temps qu’il faille et devant le regard bien veillant de tout le monde. Les juges seront des indépendants pas comme ceux qu’il a sélectionné à travers une ministre de la justice aux ordres nommée à la dernière minute pour exécuter les manœuvres de basses œuvres. Qu’il se rassure, il aura toutes les garanties d’un procès équitable chose que, ni moi ni seifeddine Makhlouf condamné par les régime Saoudien, n’avaient bénéficié.

Ma condamnation n’est qu’une parenthèse, il faut se concentrer sur les moyens et les actions à mener pour se débarrasser de régime qui foule aux pieds les acquis de la révolution tunisienne. Il faut continuer à contester les méthodes de violence employées lors des manifestations pacifistes, du gel de l’activité politique. Les grèves de la faim sont un moyen de lutte contre ce régime. Tout tunisien doit y contribuer car quelque soit le sort le peuple tunisien subira les pénuries et la pauvreté tant que ce régime continue à bafouer la légitimité et à bloquer l’appareil économique. Je donne RDV le 27 janvier comme une date cruciale qu’il sera fêté comme jour où la Tunisie a consacré sa constitution pour un état de droit et démocratique.

Le rassemblement de la classe politique est impératif en dépit des divergences idéologiques. L’homme qui gouverne aujourd’hui est un produit d’investissement de l’ancien état profond, son avenir est derrière lui. Une fois les leviers du pouvoir récupérés, l’ancien état profond et ses alliés envisageraient à le remplacer par quelqu’un de pire que lui. La classe politique doit prendre conscience que l’union est le seul crédo pour un retour à la légitimité, à la constitution, et au peuple à travers des élections présidentielles et législatives anticipées. Toute gouvernance en dehors de la constitution est combattue.

C’est la responsabilité de tous, y compris celle des institutions (militaire, sécuritaire, judiciaire, médiatique) pour que la Tunisie retrouve sa fierté et qu’elle se débarrasse de de cette mascarade et son lot de simulacre démocratique.