L’AFP dans le collimateur du pouvoir algérien

L’Agence France-Presse (AFP) est prise pour cible ces dernières semaines par les autorités algériennes qui n’apprécient pas du tout les dépêches et informations diffusées par cette agence de presse internationale concernant certains évènements qui défraient la chronique en Algérie. 

Le ministère algérien de la Communication et l’APS, l’agence de presse gouvernementale en Algérie, ont réagi vivement au reportage diffusé par l’AFP sur la problématique des Harragas algériens qui fuient massivement leur pays pour atterrir sur les côtes espagnoles et européennes. Ce reportage qui retrace le parcours des Harragas algériens et décrit minutieusement les frustrations ainsi que la détresse d’une grande partie de la jeunesse algérienne a fortement déplu aux autorités algériennes.

Au lendemain de la publication de ce reportage sur la migration irrégulière depuis l’Algérie vers l’Espagne, le ministère de la Communication a menacé mercredi l’Agence France Presse de non renouvellement de l’accréditation et d’interdiction d’exercer en Algérie, au motif de ce qu’elles ont qualifié de « campagne hostile et odieuse » de l’agence de presse gouvernementale française contre le pays, concomitante avec l’escalade de la crise diplomatique entre Alger et Paris sur fond des déclarations du président français Emmanuel Macron.

« Préjugés hostiles »

C’est ce qui ressort d’un communiqué du ministère algérien de la Communication publié sous le titre: « L’AFP poursuit ses préjugés hostiles à l’encontre de l’Algérie en se dénuant des principes élémentaires de crédibilité et d’objectivité ».

« L’AFP prouve une nouvelle fois ses préjugés hostiles envers l’Algérie en s’écartant clairement de la pratique médiatique et journalistique et en se dénuant de crédibilité, d’objectivité et d’éthique déontologique de la profession », souligne le communiqué du département de la Communication.

L’Agence avait publié mardi un reportage sur la migration clandestine (irrégulière) depuis l’Algérie vers l’Espagne, sous le titre : « De l’Algérie à l’Espagne, les «harraga» (migrants) prêts à mourir en mer pour ne pas rester au pays ».

Ledit ministère estime que l’AFP est devenue le porte-parole des lobbies connus et des cercles officiels qui nourrissent une haine envers l’Algérie.« Le flux de dépêches mensongères et la désinformation diffusée par cette agence à des fins subversives, ainsi que ses démarches incessantes pour ternir l’image de l’Algérie et entamer sa réputation, sont autant de preuves qui traduisent son orientation douteuse et abjecte », souligne-t-on de même source.

Attaques de l’APS

Hier mardi 26 octobre, c’est l’APS, l’Agence de presse officielle du pouvoir algérien, qui s’est violemment attaquée à l’AFP en estimant dans une dépêche envoyée à tous les médias algériens que l’agence française poursuit, « arme du mensonge à la main », sa guerre par procuration contre l’Algérie, en publiant mardi sur son fil un reportage bondé d’ »infox éhontées » et de « mensonges flagrants », une énième bévue qui entache son registre déjà riche de fake-news destinés « exclusivement » à l’Algérie.

« Tout observateur averti n’est pas sans savoir que l’AFP s’est récemment érigée en appareil de « propagande par excellence » pour mener une guerre par procuration et se faire le relais de certains algérophobes qui digèrent mal la constance des positions historiques de l’Algérie vis-à-vis des causes internationales justes et ses succès successifs en tant qu’acteur régional et stratégique du rétablissement de la paix, de la sécurité et du consensus international », a fait remarquer encore l’APS dans un commentaire d’une violence inouïe diffusée à l’encontre de sa « jumelle » française l’AFP.

« Les procédés auxquels recourt ce média public français pour détourner l’attention des échecs en série de la politique de son pays dans un contexte électoral aux conséquences incertaines, sont connus de tous, tout comme ses efforts convulsifs de recherche d’une matière fallacieuses qui pourrait servir d’arme dirigée contre l’Algérie, au service d’agendas hostiles », a affirmé également l’APS.

 C’est la première fois que l’AFP, une simple agence de presse dont la rigueur et l’indépendance ne sont plus à prouver, est gravement accusée de « collusion » avec des lobbys hostiles à l’Etat algérien. Nous le regrettons naturellement.

Rappelons que depuis trois ans maintenant Mondafrique est censuré en Algérie et que des barbouzes algériens ont réussi encore récemment à s’introduire dans le back office de notre site en s’attribuant sous trois prêtes noms différents la qualité d’administrateurs en perturbant totalement le fonctionnement normal des réseaux sociaux qui reprennent notre contenu. Voici cinq ans, les mêmes officines liées aux services algériens étaient parvenues à diffuser depuis notre site des contenus pornographiques que nous avons eu le plus grand mal à faire disparaitre

Nicolas Beau, directeur de Mondafrique.