Les militaires sont rarement de bons communicants, Thierry Burkhard, le patron de l’armée française, n’a pas dérogé à la règle lors de son interview sur RFI et FR24 le 25 février.
À la première question posée sur la rapidité de l’intervention russe en Ukraine, le général commence par répondre « Vous avez raison la guerre est de retour en Europe, c’est la première fois depuis 1945, pour la première fois un Etat attaque un autre Etat et cherche à le soumettre à sa volonté » ! Qu’un si prestigieux gradé oublie la guerre dans les Balkans est pour le moins surprenant.
Puis, Franck Alexandre le journaliste défense de RFI, s’appuyant sur le récent rapport parlementaire indiquant que la France n’aurait « pas les moyens de soutenir dans la durée une guerre conventionnelle de haute intensité, comme celle en cours en Ukraine », lui demande si la France est prête à un conflit de haute intensité. Et là surprise, le chef d’Etat-Major renvoie la balle à l’OTAN « l’idée n’est pas de faire la guerre tout seul, c’est bien évidemment de faire la guerre ensemble et d’être capable de se protéger entre nous. (…) La France est un allié fiable, crédible, solide. » Qu’un chef d’Etat-Major français justifie les insuffisances de son armée de cette manière est à tout le moins navrant. C’est également étonnant, depuis novembre 2019 et la déclaration d’Emmanuel Macron dans The Economist on croyait « l’OTAN en état de mort cérébrale » !
La faute aux Maliens
Interrogé ensuite sur le désengagement français au Mali, le général a expliqué à juste titre que c’était un « défi logistique et sécuritaire. » Quant au bilan de l’opération Barkhane, en bon militaire le doigt sur la couture du pantalon, il a repris au mot près les éléments de langage de l’Elysée et du Quai d’Orsay et renvoyé la responsabilité aux Maliens : « les autorités politiques maliennes n’ont pas saisi l’opportunité politique qui était ouverte offerte par la présence de Barkhane » ; « pas de développement » « pas de retour de l’Etat »…
Seul petit bémol vers la fin de l’entretien en évoquant la réorganisation du nouveau dispositif « Il faut qu’on soit capable de revoir, d’imaginer une nouvelle manière de travailler avec les pays africains »…