Commandant de l’Armée Nationale Libyenne (ANL), le maréchal Haftar consolide ses liens avec la Russie, laquelle le soutient contre le Gouvernement d’Unité Nationale (GUN) basé à Tripoli et reconnu par l’ONU. Ce qui permet à Vladimir Poutine, via l’organisation « Africa Corps », d’installer des bases aériennes en Libye.
La présence russe en Libye s’est initialement manifestée par le déploiement du groupe de mercenaires Wagner, dont l’effectif atteignait jusqu’à 1 800 soldats. Aujourd’hui, l’organisation paramilitaire Africa Corps, intégrée au gouvernement russe et créée pour succéder à Wagner après la disparition d’Evgueni Prigojine, prend progressivement le relais dans les bases russes. Africa Corps contrôle ainsi quatre bases aériennes stratégiques en Libye : Al-Jufrah (partagée avec Wagner), Al-Khadim, Brak al-Shati et Al-Qardabiya. Une nouvelle base est en construction dans le sud-est du pays, à Mateen al-Sarrah, une ancienne base de l’ANL située dans le sud-est du pays, en territoire Toubou.
La base de Mateen-al-Sarrah convoitée
Cette nouvelle base à Mateen al-Sarrah offre une opportunité stratégique majeure pour Moscou. Située à proximité des frontières tchadiennes et nigériennes, elle ouvre un corridor permettant à la Russie d’accroître son influence au Sahel et en Afrique subsaharienne. La Russie, déjà présente militairement — par l’entremise de Wagner ou de l’Africa Corps — au Mali, au Niger, au Burkina Faso et en République centrafricaine, pourrait, par l’établissement de cette base, étendre son influence, notamment au Tchad, où le retrait des forces françaises – la base de Kossei ayant été rétrocédée le 30 janvier 2025 – et américaines a laissé un vide sécuritaire.
En outre, Mateen al-Sarrah pourrait permettre à la Russie de consolider ses activités dans les trafics d’armes, de minerais et de migrants, la base se situant non loin de Qatrun, un nœud névralgique du trafic dans le sud libyen. La région, riche en mines d’or exploitées par les tribus toubous et des mercenaires tchadiens utilisant des migrants en transit vers la Méditerranée, offrirait à la Russie une nouvelle source de revenus. Par ailleurs, le contrôle de Mateen al-Sarrah permettrait à la Russie d’établir un corridor entre le Nigéria et la Libye pour acheminer l’uranium exploité par la Chine, afin de l’exporter depuis la Méditerranée vers d’autres marchés.