La répression brutale contre des simples manifestants favorables à Laurent Gbagbo témoigne d’une dégradation du climat politique en Côte d’Ivoire. Sur fond de ces élections locales qui devraient voir , en octobre prochain, l’alliance entre les deux grands mouvements de l’opposition, le PPA-CI de Bgagbo et le PDCI de Bédié, remporter une victoire nette.
Le paradoxe ivoirien, le voici: ce pays relativement développé de l’Afrique de l’Ouest n’est certes plus une dictature, mais il n’est pas encore une démocratie. Les élections locales de 2023 et la Présidentielle de 2025 occupent les esprits et provoquent de savantes manoeuvres politiques, comme cela se passerait dans le onde européen. Mais dans le même temps, une simple manifestation non violente peut se traduire, comme tout récemment par une condamnation de militants à des lourdes peines de prison.
Le drapeau russe brandi
Le 9 Mars, 26 membres du PPA-CI, le mouvement de Laurent Gbagbo, ont été condamnés à deux ans de prison ferme pour ‘‘trouble à l’ordre public’’ simplement pour avoir exercé leur droit de liberté de réunion pacifique. Le 24 février 2023, ces militants avaient accompagné sans violence le secrétaire général du parti convoqué par la justice.
Le lendemain, quatre autres personnes ayant arboré le drapeau de la Russie lors d’un rassemblement du PPA-CI à Yopougon ont été arrêtées à l’issue de celui-ci et placées en détention à la sinistre Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Les charges retenues contre elles ne sont pas connues. »Une certitude, comment un chef de l’opposition, le régime du président Ouattara manque apparemment de sang froid ».
La vraie fausse réconciliation entre les deux ténors de la politique ivoirienne est bel et bien enterrée. Quelques sourires convenus de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara prenant la pose avec leurs épouses, tout comme la « grâce » accordée par le second au premier (qui demandait une amnistie) n’ont pas suffi à consolider la démocratie ivoirienne.
Les esprits se chauffent alors que se prépare, le 30 mars, le congrès extraordinaire du PDSI, le mouvement de l’ex président Bédié et allié de Gbagbo. Si ce dernier est reconduit dans ses fonction à la tète de son parti, alors qu’il est contesté en interne par des frondeurs, l’alliance des deux grands mouvements de l’opposition sortira renforcée. Du coup, les espoirs du clan Ouattara de se maintenir au pouvoir, notamment lors de la Présidentielle de 2025, seront douchés. D’où la nervosité du pouvoir iranien et ces répression brutale contre de simples manifestants ou contre le simple fait d’agiter un drapeau russe dans un rassemblement.
Ce qui est vrai, c’est que Laurent Gbagbo prépare méthodiquement les prochaines échéances. On le verra ces jours ci animer une fête de la renaissance à Abidjan pour mobiliser ses troupes. Face à sa détermination, le Président Ouattara ne peut pas afficher savoloté de se présenter à nouveau en 2025, alors que son principal allié, la France d’Emmanuel Macron, le dissuade de le faire et affiche son soutien à d’autres possibles candidats.
Amnesty: libérez les militants
En réaction aux condamnations et détentions arbitraires des membres du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), Firmin Mbala, chercheur au bureau Afrique de l’Ouest et du Centre de Amnesty International déclare :« Les détentions de ces militants sont arbitraires, elles sont contraires à l’exercice de leurs droits à la liberté de réunion pacifique, la liberté d’expression et de mouvement. Amnesty International appelle à leur libération immédiate et inconditionnelle, ainsi qu’à l’annulation de la condamnation des 26 membres du PPA CI et l’abandon des charges éventuelles contre les 4 autres.
« Nous appelons, poursuit Amnesty, les autorités ivoiriennes à garantir des procédures judiciaires justes et équitables et à respecter les droits garantis par les conventions internationales et régionales de protection des droits humains ratifiées par la Cote d’Ivoire. »
J »eune Afrique » sous influence ivoirienne. Le régime ivoirien qui soigne son image en France est parvenu à faire entrer deux hommes d’affaires proches de la Présidence dans le capital de « Jeune Afrique », via une discrète société basée à l’Ile Maurice.