« Les fidèles chiites voient en lui l’un des gardiens des lieux saints de l’islam. Les socialistes, un survivant de l’ère soviétique. Pour une partie des orthodoxes, il est le grand frère protecteur qui veille au grain de loin. Certains le regardent même comme un « fils de la région », un immigré venu d’en bas s’étant fait une place au sommet de l’État russe. La légende locale voudrait en effet que « Abdel Amir Aboul-Tine », devenu Vladimir Poutine, soit le fils d’un vendeur de figues (tine) originaire de la ville de Nassiriya, en Irak. Peu importe que rien de tout cela ne soit vrai. Dans le monde arabe, le fils de Vladimir Spiridonovich et de Maria Ivanovna est avant tout ce que l’on veut qu’il soit. Miroir des âmes, le Vladimir d’Orient est un caméléon aux couleurs changeantes.
De Beyrouth à Bagdad, en passant par Damas, Vladimir Poutine nourrit dans la région un vaste imaginaire, adroitement téléguidé par le Kremlin et relayé par ses partenaires locaux, aux premiers rangs desquels Bachar el-Assad et Hassan Nasrallah. Au lendemain de l’invasion russe de l’Ukraine, la propagande officielle formatée par Moscou pénètre une partie des médias arabes de manière quasi instantanée. « La guerre juste de Vladimir Poutine », titre le quotidien pro-Hezbollah al-Akhbar le 1er mars 2022″.