Pour réagir à la formation du gouvernement qu’il n’a approuvé que du bout des lèvres, le mouvement pro iranien cherche à se donne une image de sauveur, en important du fuel venu d’Iran, via la Syrie. Un bon coup médiatique!
Après plusieurs jours de traversée en mer Rouge, le fuel iranien a été déchargé mardi dans le port de Banias, en Syrie avant d’ être transporté dans des camions citernes jusqu’au Liban. La cargaison, dont l’arrivée qui avait été annoncée par le Hezbollah pour le début septembre, est enfin arrivé ce jeudi matin dans la Bekaa, une région du Nord-Est pays en partie aux mains du parti chiite. Le correspondant de l’AFP sur place a indiqué que le premier convoi était formé de vingt camion-citerne, portant des plaques d’immatriculation syriennes, et qu’il est entré en territoire libanais dès mercredi matin via un passage illégal dans la région du Hermel.
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait annoncé dès août – avant que le Liban ne se dote (enfin) d’un gouvernement – une livraison prochaine de fuel iranien à destination du Pays du Cèdre qui fait face à de graves pénuries de carburant. Celui-ci est vital pour le quotidien des Libanais, non seulement pour se déplacer mais surtout pour la production d’électricité. Les Libanais ne disposent que de deux à trois heures de courant par jour. Une fois qu’il s’en va, des générateurs — pour ceux qui ont les moyens de s’en procurer — prennent le relais. Problème : ceux-là fonctionnent au fuel.
Autre problème : le pétrole iranien étant sous sanctions, le Hezbollah a fait en sorte que le tanker transportant le fuel mouille dans un port syrien et non libanais, afin d’éviter que le Liban fasse, à son tour, face à des mesures punitives.
Plus fort que l’État
A travers une forte communication autour de la livraison de fuel, le Hezbollah a frappé un grand coup. Devenu un véritable « État dans l’État » au cours de ces dernières années, le parti chiite semble avoir voulu montrer – comme l’explique le quotidien libanais L’Orient-Le Jour – « qu’il est plus fort que l’État libanais, qu’il peut se substituer à lui et venir en aide à ceux qui le soutiennent ». Et le résultat semble se confirmer. En témoignent par exemple les images de liesse populaire qui parcouraient jeudi les rues de la ville pauvre de Baalbek (nord-est, contrôlé par le Hezbollah) à l’arrivée des camion-citerne. A noter que Baalbek est également en première ligne de la contrebande de carburants en direction de la Syrie.
Le journal ajoute que « pour ‘l’autoproclamé axe de la résistance’, la livraison du pétrole iranien, soumis à des sanctions internationales, est une victoire géopolitique ». La crise qui frappe le Liban de plein fouet « est présentée par le parti comme la résultante d’une volonté américaine de briser ses ailes et celles de l’Iran. Dans un contexte où le Liban souffre d’une pénurie de carburants, le coup de communication n’est pas à négliger », et que même si les quantités de fuel « sont limitées et ne devraient suffire à répondre aux besoins du Liban que pendant quelques jours, l’essentiel est ailleurs ».
D’autres cargaisons
Hassan Nasrallah a annoncé lundi 13 septembre qu’un deuxième navire avec du mazout arriverait dans le port syrien de Banias dans quelques jours. Un troisième, puis un quatrième, transportant respectivement de l’essence et du mazout, sont également attendus.
Le leader chiite a également affirmé que le premier chargement de fuel allait être offert, selon un ordre de priorité, « comme don aux hôpitaux gouvernementaux, maisons de retraite, orphelinats, institutions pour personnes à besoins spécifiques, infrastructures hydrauliques, municipalités pauvres ayant besoin de mazout pour pomper et distribuer de l’eau, aux pompiers et à la Défense civile, à la Croix-Rouge libanaise ». La deuxième partie sera vendue « à des prix adéquats… aux hôpitaux privés, aux usines de fabrication de médicaments et sérum, aux restaurants et boulangeries, coopératives agricoles, usines et infrastructures fournissant de l’électricité aux citoyens à partir de générateurs privés », avait-il ajouté.