Alexandre Djouhri est visé par un mandat d’arrêt européen délivré par les juges d’instruction du pôle financier de Paris pour ne pas s’être pas rendu à la convocation d’un juge du PNF en septembre 2016. La réponse judiciaire sera rendue le 26 février 2019.
Alexandre Djouhri, un homme d’affaires français proche de Dominique de Villepin et de Claude Guéant dont le role fut central dans un certain nombre de grands deals industriels sans les années 2000-2005, est cité dans une enquête sur un possible financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. L’enquête judiciaire, instruite depuis avril 2013 par deux juges du parquet national financier (PNF) doit déterminer si la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy a bien fait l’objet d’un financement illicite libyen. Alexandre Djouhri qui a reçu des messages de la police financière par simple texto n’a pas estimé devoir répondre à des convocations de ce type. Mais en visite familiale, Djouhri est arrêté le 8 janvier 2018 à l’aéroport de Londres Heathrow et incarcéré à Wandsworth, la grande prison de Londres.
La justice anglaise doit déterminer si des convocations par texto délivrées par les policiers français s’imposaient ou non à Alexandre Djouhri. Dans l’affirmative, ce dernier serait extradé, le 26 janvier prochain, quand les juges anglais rendront leur décision.
Pour autant, la justice anglaise n’a pas à évaluer la crédibilité des charges retenues par la France. Pour l’instant et autant qu’on puisse en juger par les fuites calculées des enquêteurs français dans la presse, le dossier judiciaire n’a accroché Djouhri que sur une possible surfacturation dans la vente d’une maison située à Moulins dans le sud de la France. Et encore ces fonds ne semblent pas en lien direct avec un possible financement libyen de Nicolas Sarkozy..
Une audience très suivie
Le lundi 21 Janvier 2019, au premier jour de son audience d’extradition devant la Westminster Magistrates Court, l’homme d’affaires affirme être « victime » de l’acharnement de deux magistrats français.
A son arrivée au tribunal de Westminster à Londres, le natif de Saint-Denis dans la région parisienne a déclaré : « Je suis victime de deux magistrats », faisant allusion au juge d’instruction Serge Tournaire et le procureur du PNF Patrice Amar.
M. Djouhri poursuit sa déclaration aux quelques journalistes français présents à Londres : « Je suis grand-père, je suis père et ils me dénient le droit d’exister. Et ça, c’est incroyable! C’est pas la justice française, c’est deux magistrats qui ont fait un faux en écriture, et j’ai les preuves absolues ».
Au tribunal Jonathan Caplan, avocat de M. Djouhri, replace l’affaire dans un « contexte politique fort », appuyé par les déclarations de l’ancien magistrat Hervé Lehman sur l’indépendance de la justice française.
Pour Benjamin Watson, l’avocat britannique représentant le Parquet national financier (PNF) français : « Rien dans le droit français n’empêche un policier ou un juge de laisser un message pour assigner un individu », a-t-il déclaré, citant trois affaires antérieures dans lesquelles des individus avaient répondu à des assignations reçues par des moyens similaires.
L’audience s’est orientée sur les interprétations techniques de la loi française concernant la validité légale des convocations émises à Alexandre Djouhri par messages téléphonique et électroniques par la police française.
Après deux journées d’audience, les débats ont été suspendus dans l’attente de la décision de la juge Vanessa Baraitser, qui doit rendre sa décision le 26 février concernant la demande d’extradition française de M. Djouhri.