L’ « Alliance des Pays du Sahel » contre la CEDEAO !

Le 16 septembre à Bamako, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont signé la Charte du Liptako-Gourma, du nom de cette région commune aux trois pays. Cette nouvelle Alliance des Etats du Sahel (AES) se veut être une « alliance de défense collective » pour lutter contre le terrorisme et pacifier cette zone. En réalité, c’est d’abord et avant tout un geste politique…

Depuis plus de dix ans que dure cette guerre, combien de structures ont elles été créées pour tenter de résoudre les problèmes ? Au total, il y en a eu 18, Alliance Sahel, Coalition pour le Sahel, G5, etc. aucune n’a rien changé. Par ailleurs, depuis les années 1970 existait déjà « l’Autorité de développement Intégré de la Région du Liptako-Gourma » (ALG). Au départ purement centrée sur l’économie et le développement, elle s’est adjoint un volet sécuritaire en 2017.
A l’Ouest donc rien de nouveau… Les juntes malienne, burkinabè et nigérienne auraient pu se contenter de revitaliser l’organisation existante, elles ont préféré en créer une nouvelle et saluer l’événement « historique », cette « étape décisive ».

Un geste politique

C’est donc bien un geste politique, symbolique, réaffirmant la solidarité entre les trois Etats, à l’heure où la CEDEAO menace toujours d’une intervention  : « Toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire d’une ou plusieurs Parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres Parties » est-il écrit dans un article de la Charte.  
Mais pour le réseau russe Rybar, c’est une union militaire à l’initiative de la Russie, pour preuve la réunion qui s’est tenue à Bamako le 15 septembre avec le vice-ministre russe de la Défense, le président Assimi Goïta et le ministre de la Défense du Niger. Sur son canal Telegram, Rybar poursuit en se demandant si « ces initiatives de l’armée russe déboucheront sur quelque chose d’alternatif, d’efficace ou pas ». Au vu de toutes les expériences précédentes, la réponse est connue…  

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)