La visite au Royaume du Premier Ministre Français, Édouard Philippe, a été l’occasion pour les « chibanis » marocains ayant cotisé en France de réitérer leur droit de couverture de la sécurité sociale à l’étranger sans condition de résidence en France. Un article de Jaouad Mdidech
C’est une affaire que le chef de gouvernement marocain, Saad Eddine El Othmani, aura dû traiter avec son homologue français, Edouard Philippe, actuellement en visite officielle au Royaume chérifien. Celle des 65.000 Marocains « chibanis » (vieux) retraités, ayant travaillé et cotisé toute leur vie en France, mais qui ne bénéficient pas des mêmes avantages à la sécurité sociale que leurs homologues de nationalité française. Mercredi 15 novembre, les représentants de ces « Chibanis » sont reçus par la primature marocaine et par Mohamed Yatim, ministre de l’emploi et des affaires sociales, pour leur exposer la discrimination que subissent les retraités immigrés de France. C’est une affaire qui mobilise depuis des années l’association CAP-SUD, présidée par Fkire Salem, dont le père est lui-même l’un de ces retraités.
Une loi inique
Elle se résume ainsi : à cause d’une loi qu’ils considèrent inique, ces retraités sont obligés de ne pas quitter la France plus de 6 mois et un jour s’ils veulent continuer à jouir d’une assurance maladie française. Ce qui n’est pas le cas d’un retraité de nationalité française, qui peut, depuis un décret remontant à juillet 2014, résider à l’étranger, hors Unions Européenne et Suisse, et bénéficier de la couverture de la sécurité sociale sans condition de résidence en France. Cette disposition a été mise en place au regard du nombre croissant de retraités français désireux de quitter la France et de vivre leur retraite sous d’autres cieux plus chaud au pouvoir d’achat plus agréable. «Il paraît évident que nos pères aimeraient rejoindre leurs homologues cotisants français dans leur propres pays d’origine, le Maroc, où, eux, ont leurs racines, des attaches familiales», rappelle Fkire Salem. Cette discrimination, pour ne parler que des pays du Maghreb, concerne, en plus de 65.000 marocains, 127.000 algériens et 37. 000 tunisiens. Cette iniquité, la loi Touraine d’octobre 2015 avait essayé de rétablir, en vain, puisqu’elle mentionnait dans son article premier que « tout retraité de plus de 65 ans titulaire d’une carte de résident peut percevoir le droit à pension de son régime de retraite et son allocation logement pour sa résidence principale sans contrainte d’obligation de durée de séjour sur le territoire français. » Le président de Cap-Sudespère que le gouvernement marocain s’investisse davantage pour sensibiliser le gouvernement français sur ce sujet. Dans le rétablissement d’un droit constitutionnel, « celui de protéger les intérêts légitimes des marocains résidant à l’étranger, dans le respect du droit international et des lois en vigueur dans les pays d’accueil… ».