Le 19 octobre 1995, le corps du juge Bernard Borrel, coopérant au ministère de la justice de Djibouti, était retrouvé à demi-calciné à 80 km de la capitale. Ce lundi, le Tribunal de Paris a condamné l’Etat français pour fautes lourdes dans la recherche des causes du décès
Jusqu’en 2002, les juges chargés de l’affaire ont privilégié la thèse du suicide, pourtant peu crédible selon sa famille, ses proches et ses collègues. L’opiniâtreté de son épouse a fait rejeter cette thèse et l’assassinat a été finalement retenu . Un groupe d’experts a confirmé l’assassinat du jeune magistrat.
Des scellés détruits
Son épouse et les avocats de la famille avaient attaqué au civil, pour fautes lourdes, l’État français, via le ministère de la justice. De manière totalement incompréhensible, aucune autopsie ne fut pratiquée avant l’inhumation, alors que le Parquet de Toulouse avait pourtant été saisi. Autre faute lourde, les scellés avaient été détruits, augmentant les suspicions sur le décès du magistrat français.
Demain, la vérité?
Vingt-cinq ans après le drame vécu par la famille, et un interminable sursis à statuer sur ce volet civil, l’AFP annonce que le Tribunal de Paris a jugé, ce lundi 16 mars 2020, que le service public de la justice avait commis des fautes lourdes et condamné l’État français à 140 000 euros de dommages et intérêts et 10 000 euros de frais de justice.
Le Tribunal de Paris reconnaît que ces fautes lourdes ont « ralenti les recherches sur les causes du décès, retardé l’instruction pénale et, par là, prolongé l’incertitude sur la réalité des faits ».Il reste maintenant à connaître la vérité sur ce crime qui constitue » une affaire d’État « , selon l’avocat de la famille Borrel