Au moment où les tensions sont au plus haut entre Paris et Bamako, annonce le journal Jeune Afrique, une organisation de la société civile malienne accuse le ministre français des Affaires Étrangères de « complicité de prise illégale et favoritisme » dans l’attribution du marché de confection des passeports biométriques maliens.
Des couloirs de Koulouba aux rues de Bamako, le contrat a toujours éveillé de nombreux soupçons. Pourquoi en 2015, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a-t-il attribué pour une dizaine d’années le marché de la fabrication des passeports biométriques maliens à la société française Oberthur Technologies (devenue Idemia) ? Comment expliquer le lobbying intense de Jean-Yves Le Drian, alors ministre français de la Défense et aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, en faveur de cette entreprise ?
Si l’attribution de ce contrat a longtemps été entourée de mystère, le mouvement Maliko (en français, l’affaire du Mali), constitué pour l’occasion par plusieurs organisations de la société civile malienne, a décidé de faire la lumière sur ce dossier. Le 22 février, il a porté plainte contre Jean-Yves Le Drian et son fils, Thomas, auprès du pôle économique et financier de Bamako, alors que les relations du Mali sont particulièrement tendues avec Paris.
« Malversation »
Dans le document de sept pages transmis au doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance de la Commune III de Bamako, que Jeune Afrique a pu consulter, Maliko déclare « porter plainte contre Jean-Yves Le Drian et Thomas Le Drian, pour « complicité de prise illégale d’intérêt et favoritisme ». Selon Maliko, « ces malversations ont conduit à porter atteinte aux deniers publics du Mali ».
L’association, qui s’est constituée partie civile, dénonce l’irrégularité quant à l’attribution sans appel d’offres de ce marché. « Les procédures et règles instituées par la législation malienne, en particulier le décret n°2015 – 06040 du 25 septembre portant code des marchés publics, ont été allègrement violées à l’occasion de l’attribution du marché susmentionné », poursuit-elle.