Jean Marc Ayrault, « moralisateur » des ventes d’armes vers Riyad

L’excellente enquête « mon pays fabrique des armes », diffusée le mardi 23 octobre par France 5, révèle que Jean Marc Ayrault, alors ministre des Affaires Etrangères, fut le seul à s’opposer à la livraison d’armes vers l’Arabie Saoudite

L’émission consacrée par France 5 à la France devenue le troisième exportateur mondial d’armements a reconnu à l’ancien ministre des Affaires Etrangères de François Hollande, Jean Marc Ayrault, le mérite de s’être opposé presque seul à la vente d’armes vers l’ Arabie Saoudite, en raison de la guerre menée par ce pays au Yémen au mépris des doits humains élémentaires.

Les ONG, notamment Amnesty International, ont démontré en effet que les Séoudiens, dans leur intervention au Yémen massacrent sans sourciller des populations civiles, provoquant la mort de 10000 victimes.

La méfiance de Jean Marc Ayrault vis à vis des monarchies pétrolières fut constant; Lorsqu’il était Premier ministre, il avait déclaré à propos d’un éventuel déplacement au Qatar, qu’il regarderait de près avant de se rendre à Doha. Il fut en effet un des seuls à l’époque à ne pas se précipiter dans ces pays du Golfe que d’autres draguaient sans complexes.

Hélas, son opposition à l’exportation d’armes vers l’Arabie Saoudite ne fut d’aucun effet sur la politique suivie. La France, durant le quinquennat de Hollande, de multiplier par quatre le chiffre des exportations d’armes, notamment vers Riyad.

Le Drian, grand manitou de l’armement

En matière d’armement, l’ancien ministre des Affaires Etrangères eut fort à faire face à une autre personnalité politique de premier plan. A savoir Jean Yves Le Drian, alors ministre de la Défense de François Hollande et grand artisan de la vente d’armes vers le Golfe et l’Egypte, au mépris du moindre dontrole sur leur utilisation contre les populations civiles ou contre les opposants.

Article précédentCentrafrique, Touadera voyage, son pays s’enfonce
Article suivantJamal Khashoggi, un agent du système saoudien
Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)