La répression du pouvoir iranien semble aujourd’hui pilotée par les Gardiens de la Révolution et ciblerait principalement le soulèvement étudiant.
Au 46e jour d’insurrection, la révolte de la population iranienne a touché pas moins de 203 villes, que 450 personnes ont été tuées et plus de 25 000 sont aujourd’hui en détention selon des sources de l’opposition iranienne, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran ( OMPI/MEK ). Les noms de 294 manifestants tués ont été publiés par les Moudjahidines du Peuple.
Le général Salami qui assistait aux obsèques des personnes tuées dans l’attentat contre un sanctuaire chiite à Shiraz, a déclaré « Aujourd’hui doit marquer la fin des émeutes. Ne descendez plus dans la rue. La minorité d’entre vous qui a été trompée doit arrêter les actes pervers. Ne transformez pas les campus en arènes au service des Américains. » Le géénral Salami s’est aussi adressé aux jeunes manifestantes iraniennes qu’il affirme avoir été trompées : « Vous ne devriez pas être des soldates de l’Occident qui vise à répandre la corruption dans le pays ! »
Ces paroles officielles et moralisantes sont restées lettre morte. Non seulement les manifestations continuent mais très souvent désormais, les forces de sécurité se heurtent à une résistance farouche, notamment quand elles ciblent des étudiants.
D’innombrables rassemblements étudiants
Samedi, des rassemblements étudiants ont été signalés à Téhéran, Ahvaz, Kerman, Babol, Lorestan, Kermanshah et Qods City. Le même jour, les villes kurdes de Sanandaj, Saqqez, Mahabad, Bukan, Baneh ont été perturbées par des protestations d’habitants qui occupaient les rues.
Dimanche 30 octobre, des manifestations étudiantes massives ont été signalées à Téhéran, Babolsar, Zanjan, Shiraz, Sanandaj, Mashhad et Qazvin. Des élèves du primaire et du secondaire se sont joint aux cortèges étudiants dans plusieurs villes. Ces manifestations ont eu lieu en dépit des avertissements lancés samedi par Hossein Salami, le commandant en chef des Gardiens de la révolution (CGRI). À Sanandaj, des affrontements ont été signalés dans au moins trois universités, dont l’Université du Kurdistan et l’Université de Yazdanpanah.
Des manifestations nocturnes ont eu lieu dimanche dans plusieurs villes, dont Mahabad, Bukan, Kerman, Sanandaj et Ravansar. Dans plusieurs villes, des manifestants ont allumé le feu et empêché les forces de sécurité de prendre le contrôle des rues. A L’université Hormozgan de Bandar Abbas, les étudiants ont détruit la cloison de séparation entre garçons et filles du restaurant universitaire. À Téhéran, les familles des étudiants de l’Université Azad se sont rassemblées autour du campus, où les étudiants avaient été bloqués et encerclés par les forces de sécurité.
Dimanche, à Saqqez, les autorités ont attaqué des lycéens et un certain nombre d’entre eux auraient été enlevés par des agents en civil, selon des militants locaux.
L’université industrielle Khajeh Nasir Toosi de Téhéran a déclaré dimanche que les étudiants faisant l’objet de mesures disciplinaires pour « comportement immoral et impoli » seraient bannis du campus jusqu’à ce que leur cas soit étudié, ont rapporté les médias locaux. À l’université de Yasuj, dans le nord-ouest de l’Iran, 20 étudiants ont été suspendus pour un semestre ou plus, a rapporté le média indépendant Entekhab.
À l’Université de technologie Sharif de Téhéran, certains membres du corps professoral ont exigé la levée des interdictions individuelles d’assister aux cours et la libération des étudiants détenus, selon un compte Twitter d’Ali Sharifi-Zarchi, professeur à l’université.
Le divorce semble en tous cas complet entre le pouvoir qui persiste à affirmer que l’insurrection est organisée par des forces étrangères et les insurgés qui jugent impensable un retour au statu quo ante.