Guinée, le général Manadi Doumbouya compte rester au pouvoir

Présenté comme « le projet du siècle », Simandou 2040, qui vise à exploiter une mine de fer du sud-est de la Guinée dont les réserves sont estimées à 2 milliards de tonnes, n’est pas seulement important par la promesse d’y consacrer 15 milliards de dollars d’investissements. Il est devenu le levier par lequel le général guinéen Mamadi Doumbouya, qui a renversé en septembre 2021 le président Alpha Condé,  entend légitimer son maintien au pouvoir à travers une présidentielle qu’il aura organisée pour la remporter. Entre mythes, fantasmes et réalités, Simandou 2040 est devenu un cri de ralliement pour le pouvoir militaire de Conakry qui a contraint à l’exil les principales figures de l’opposition politique et réprimé sans pitié la société civile.

Ibrahima Dieng, Conakry

Tout est déjà réglé sur le papier. Le programme de réforme intérimaire (Pri) entamé en 2022 arrive à terme le 31 décembre 2025. Il va être remplacée par le référentiel « Simbandou  2040 ». Il a d’ailleurs fait l’objet d’échanges les 20 et 21 février à Conakry, en marge d’un forum sur l’économie guinéenne organisé par Émergence Magazine.

Le premier pilier selon le directeur de cabinet du premier ministre, Lamine Sy Savané est l’agriculture combinée à l’agroalimentaire et à l’industrie, le deuxième volet est l’éducation et le capital humain. Le troisième point est relatif aux infrastructures, au transport et aux technologies.

Le quatrième axe concerne l’économie, la finance et les assurances. Le cinquième point est orienté vers le bien être et la santé. Il repose principalement sur des ressources telles que l’or, le fer, le boxite, dans l’objectif de favoriser le bien être des populations. Pour le secrétaire général du ministère des Mines, Aboubakar Camara, les projets et programmes seront conçus et présentés au mois de mars prochain. Les travaux sont pilotés par le cabinet Kmpg.

Pour le secrétaire général du Ministère du Plan et de la Coopération, l’ambassadeur Kabèlè Soumah, l’enjeu avec le program ’est d’avoir une vision de développement économique et social émanant du président de la République sur quinze ans. Selon lui, le programme Simandou va rapprocher les zones de production des zones de consommation, doter le pays d’unités industrielles de transformation et de faire en sorte que les 15 prochaines années soient la base de l’émergence de la Guinée.

Le projet minier Simandou, fer de lance

Le projet minier Simandou est le fer de lance du référentiel 2040. Il s’agit d’un projet d’exploitation de minerai de fer de classe mondiale situé dans le sud-est de la Guinée. Ses réserves sont estimées à plus de 2 milliards de tonnes de minerai de fer de haute teneur. Ce qui en fait l’un des gisements les plus riches au monde.

Dans ce cadre, Rio Tinto élabore le projet en partenariat avec le Gouvernement de la Guinée, Chalco et l’International Finance Corporation (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale. Le concessionnaire de la licence et la compagnie du projet est Simfer SA, qui est actuellement détenue à 50,35% par Rio Tinto, 44,65% par Chalco et 5% par l’IFC.

La République de Guinée pourra participer jusqu’à 35% dans le projet Simfer SA (la mine) et à hauteur de 51% à travers un véhicule de titrisation pour détenir l’infrastructure du projet (chemin de fer et port). Le projet Simandou comporte trois composantes principales, minerai de fer de 95 millions de tonnes par an à pleine production,  chemin de fer trans-guinéen à environ 670 km de la concession à la côte et un nouveau port en eau profonde au sud de Conakry, dans la préfecture de Forécariah.

En  plus d’être un Trésor National, c’est aussi une Opportunité Continentale selon Lamine Mognouma Cissé, Administrateur Général d’Emergence magazine . Pour lui, le massif de Simandou, souvent qualifié de « poumon économique de la Guinée », représente bien plus qu’une réserve de minerai. Pour lui, il incarne l’espoir, le potentiel et la responsabilité d’une nation tout entière. « Simandou est l’un des gisements les plus riches au monde.

Seul souci, le président de la commission du plan des affaires financières et du contrôle budgétaire du Conseil national de transition (Cnt), Hamidou Camara, estime que la faiblesse dans la préparation de ce plan est l’absence d’identification des projets et qu’il existe des préalables à sa bonne réalisation. « Si la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont pu mettre en œuvre des plans dans le long terme, c’est parce qu’ils ont le budget programme qui a le mérite de rendre les administrateurs moins cupides moins mercantiles », considère M, Camara.

Aux yeux de cet expert reconnu, même l’appellation « Simandou 2040 » pose problème. C’est loin l’année 2040 alors que les lendemains immédiats ne sont pas assurés.