Au moins neuf personnes ont été tuées et des dizaines arrêtées lors d’une semaine de manifestations contre l’adoption d’une nouvelle constitution
(Nairobi, le 18 octobre 2019) – Le gouvernement guinéen devrait cesser de réprimer l’exercice du droit de manifester en remettant en liberté des responsables de la société civile et des manifestants opposés à l’adoption d’une nouvelle constitution, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Il devrait également enquêter sur les meurtres de manifestants et d’un gendarme survenus lors de trois jours de manifestations qui ont commencé le 14 octobre dans la capitale, Conakry, et dans des villes de l’intérieur.
Le gouvernement a interdit les manifestations de rue depuis plus d’un an, invoquant des menaces pour la sécurité publique. Mais les restrictions qu’il impose au droit de manifester se sont aggravées au cours de cette semaine, les forces de sécurité ayant arrêté des activistes qui avaient pris la tête de l’opposition à l’adoption d’une nouvelle constitution et recouru à une force excessive pour disperser des manifestations dans tout le pays,
Les droits humains foulés au pied
« Le gouvernement guinéen ne devrait tout simplement pas dénier à la population son droit d’exprimer son opposition à une nouvelle constitution », a déclaré Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch. « Une interdiction totale des manifestations, l’arrestation arbitraire de dirigeants de la société civile et la dispersion violente de manifestants démontrent que le gouvernement est prêt à fouler aux pieds les droits humains pour écraser toute contestation. »
La Guinée se trouve dans une impasse politique dans l’attente d’une annonce du président Alpha Condé sur le point de savoir s’il tentera de modifier la constitution afin de pouvoir briguer un troisième mandat à la tête de l’État lors de l’élection présidentielle de 2020. Il n’a pas indiqué ses intentions mais le 9 octobre, son gouvernement a achevé des consultations sur la nécessité d’une nouvelle constitution.
Le Front national de défense de la Constitution (FNDC) – une coalition d’organisations non gouvernementales et de partis d’opposition qui a boycotté le processus de consultation – a annoncé le 7 octobre des manifestations dans tout le pays à partir du 14 octobre. Le général Bourema Condé, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, a déclaré le 9 octobre que la déclaration du FNDC constituait « une menace ouverte à la paix et à la sécurité de notre nation ».