Les Editions Premiers Matins de Novembre publient le nouveau livre de Mathieu Rigouste, « Un Seul Héros Le Peuple ». En décembre 1960, trois ans après la « bataille d’Alger », depuis les quartiers ségrégués et les bidonvilles, des manifestations populaires gigantesques surgissent au cœur des villes coloniales d’Algérie. Alors que les techniques de contre-insurrection étaient sensées avoir définitivement écrasé la rébellion algérienne, les damné.e.s de la Terre débordent les troupes d’une puissance militaire mondiale. Des cortèges d’ouvriers en guenilles et de paysans déracinés, avec souvent un grand nombre de femmes et d’enfants jusqu’en première ligne, s’emparent des rues et des quartiers interdits. Un massacre d’état Dans plus de 25 villes et pendant plus de deux semaines, un mouvement de révolte s’auto-organise pour saboter l’ordre colonial. La répression est impitoyable. Le pouvoir gaulliste déploie à nouveau l’arsenal contre-insurrectionnel et autorise les troupes à tirer dans la foule. C’est un massacre d’Etat. Quelques mois avant la répression meurtrière des manifestations du 17 octobre 1961 en France, ce crime restait jusque-là dissimulé. Voici l’histoire du « Dien-Bien-Phu politique » de la guerre d’Algérie, une séquence largement marginalisée dans l’historiographie et les mémoires de la révolution algérienne. Mathieu Rigouste livre ici la première recherche socio-historique de fond sur cette séquence et sur le rôle des classes populaires colonisées dans le processus révolutionnaire en Algérie. En confrontant archives militaires et presse de l’époque avec des témoignages puissants et exceptionnels retrouvés au cours de sept années d’enquête, il montre comment cette rupture historique a été longuement préparée par des résistances populaires quotidiennes. Chercheur indépendant en sciences sociales, Mathieu Rigouste est l’auteur de L’ennemi intérieur. Une généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine (La Découverte, 2009) et La domination policière. Une violence industrielle (La Fabrique, 2013). Il conclut ici un cycle d’une quinzaine d’années de recherches sur la contre-insurrection et les sociétés sécuritaires en abordant leur sabotage par les opprimé.e.s elles et eux-mêmes. |