Arrêté le 21 janvier 2019 puis jeté en Prison le 8 Février dernier, Ballack Obame est détenu dans des conditions horribles. Un mépris flagrant des droits de l’homme.
Une chronique de Jocksy Ondo Louemba
Le 21 Janvier 2019, Ballack Obame, ancien syndicaliste étudiant et membre du parti d’opposition Union Nationale est arrêté en compagnie de trois autres personnes alors qu’ils voulaient prendre un verre dans un bar situé (ironie du sort) juste derrière l’assemblée Nationale du Gabon. Les personnes qui procèdent à leur arrestation se présentent comme étant des policiers (il s’agit réellement d’agents de la Police Judiciaire) mais en réalité ils sont censés juste appréhender Ballack Obame et ses compagnons puis de les livrer à la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire la DGCISM le tristement célèbre B2. Un des agents de police a des scrupules et décide de consigner « l’arrestation » dans les registres de la Police Judiciaire de Libreville et confie à Ballack Obame et à ses compagnons : « Il faut qu’on vous enregistre d’abord ici avant de vous livrer au gens du B2, comme ça si vous disparaissez il y aura une trace de vous ». Un aveu des pratiques cruelles des « services » gabonais en quelque sorte.
« On prend votre tension pour pouvoir vous torturer »
Ballack Obame et ses compagnons son finalement livrés à la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire. Habitués des lieux, ils sont accueillis par de l’encens « pour contrer leurs fétiches », un autre agent fait remarquer leur « obstination à toujours leur rendre visite » traduction à continuer leur combat politique pour l’instauration d’une véritable démocratie au Gabon. Peu après, fait nouveau, ils subissent des examens médicaux sommaires notamment la prise de tension. Lorsque Ballack Obame et ses compagnons demandent les raisons de cette « innovation » on leur répond : « On prend votre tension pour pouvoir vous torturer ». Selon nos sources, il a en effet été demandé aux différents services de systématiquement jauger l’aptitude à la torture des « invités de marque » entendez des opposants connus. Plusieurs agents ne cachent pas leur joie d’avoir « des gens à masser » c’est à dire à torturer. Peu de temps après les compagnons d’infortune de Ballack Obame sont libérés tandis que Ballack Obame est retenu au B2. Si Ballack Obame est retenu au B2 c’est qu’il lui est reproché ni plus ni moins d’avoir participé au « coup d’état du 7 janvier 2019 » initié par le Lieutenant Kelly Ondo Obiang.
Rapports fantasmés avec le Lieutenant Kelly Ondo Obiang
Parmi les « preuves » de la participation de Ballack Obame au « coup d’état du 7 janvier 2019 » présentées par les agents du B2 il y a l’amitié entre Ballack Obame et Kelly Ondo Obiang… sur Facebook. On reproche également à Ballack Obame d’avoir reçu un « appel » du Lieutenant Kelly Ondo Obiang le jour du « coup d’état ». En réalité, Kelly Ondo Obiang avait tenté le 7 Janvier 2019, de rallier l’ancien syndicaliste étudiant à sa cause sans succès.
Lors d’un interrogatoire à la Direction Générales des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire, le B2, le Lieutenant Kelly Ondo Obiang a d’ailleurs formellement démenti avoir Ballack Obame pour complice ce qui n’a pas convaincu « les enquêteurs » qui ont décidé de le garder pendant une dizaine de jours dans une cellule située au sous-sol du B2.
Le 8 Février 2019 à 3h du matin, Ballack Obame est transféré à la prison centrale de Libreville pour « complot contre l’Etat » et placé à l’isolement.
Des conditions de détention inhumaines
Le quartier de la prison centrale de Libreville dans lequel se trouve Ballack Obame est le « quartier disciplinaire ». Ce quartier disciplinaire situé à l’abri des regards des visiteurs de la Prison centrale de Libreville est « interdit à toutes personne étrangère au service ». Construits dans les années 60 et destiné aux prisonniers politiques, le quartier disciplinaire est composé d’une quinzaine de cellules en béton de 2msur2. Ces cellules sont plongées dans l’obscurité, sans eau, ni latrines, les prisonniers privés de leurs vêtements, très souvent enchaînés sont contraints de faire leurs besoins dans des sachets en plastiques quand ils en ont et dorment à même le sol. Et dernier fait cruel : leur alimentation dépend exclusivement de la générosité des autres prisonniers et du bon vouloir des gardiens de prison sachant que les prisonniers ne sont nourris que 5 jours sur 7 et doivent eux-mêmes préparer leur maigre pitance. Personne ne sait si Ballack Obame mange régulièrement. Ce que l’on sait c’est que dans ces cellules, la santé des détenus se dégrade très rapidement et que même lorsqu’ils sont libérés les anciens détenus qui y on « séjourné » souffrent souvent de séquelles à vie.
Pour peu que cela compte, d’un point de vue strictement juridique et selon le code pénal du Gabon, on ne peut etre placé à l’isolement pendant plus de 20 jours…
C’est dans ces conditions dignes du tristement célèbre Camp Boiro ou de la sinistre « piscine » d’Hissène Habré que le pouvoir gabonais détient Ballack Obame, ancien syndicaliste étudiant, leader des jeunes de l’opposition du Gabon et aujourd’hui prisonnier politique.