- Mondafrique https://mondafrique.com/confidentiels/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sun, 21 Sep 2025 16:54:15 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/confidentiels/ 32 32 Hommage au grand photographe palestinien, Saeed Jaras https://mondafrique.com/limage-du-jour/un-grand-photographe-palestinien-saeed-jaras/ https://mondafrique.com/limage-du-jour/un-grand-photographe-palestinien-saeed-jaras/#respond Sat, 20 Sep 2025 02:43:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=138814 Les nombreuses photos dramatiques et d’une esthétique incroyable qui tournent particulièrement ces derniers jours sur les réseaux sociaux ont été prises par le talentueux photographe palestinien Saeed Jaras @said_m_jaras  

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Les nombreuses photos dramatiques et d’une esthétique incroyable qui tournent particulièrement ces derniers jours sur les réseaux sociaux ont été prises par le talentueux photographe palestinien Saeed Jaras

 

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La Russie « partenaire stratégique » des élections en Centrafrique ! https://mondafrique.com/limage-du-jour/la-russie-partenaire-strategique-des-elections-en-centrafrique/ https://mondafrique.com/limage-du-jour/la-russie-partenaire-strategique-des-elections-en-centrafrique/#respond Thu, 18 Sep 2025 05:55:40 +0000 https://mondafrique.com/?p=137874 À l’approche des élections générales du 28 décembre 2025, la République centrafricaine se retrouve dans une situation critique. Avec un déficit budgétaire de près de 4 milliards de francs CFA (environ 6 millions d’euros), le pays peine à mobiliser les ressources nécessaires pour organiser les scrutins prévus (présidentiel, législatif et municipal). Face à cette impasse, […]

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À l’approche des élections générales du 28 décembre 2025, la République centrafricaine se retrouve dans une situation critique. Avec un déficit budgétaire de près de 4 milliards de francs CFA (environ 6 millions d’euros), le pays peine à mobiliser les ressources nécessaires pour organiser les scrutins prévus (présidentiel, législatif et municipal). Face à cette impasse, la Russie s’est proposée comme partenaire stratégique. Quels sont les enjeux de cette offre qui pourrait compromettre la crédibilité du processus électoral ?

Par Barthélémy Kolapo

Le budget total requis pour les élections est estimé à 9 milliards de francs CFA (≈ 13,7 millions d’euros). À ce jour, seuls 5 milliards ont été mobilisés, entraînant déjà le report des élections locales. Ce manque de financement met en péril l’ensemble du calendrier électoral, dans un pays où les institutions démocratiques restent fragiles. Le 19 août, l’ambassadeur russe à Bangui Alexandre Bikantov a confirmé la volonté de Moscou d’apporter un soutien logistique et matériel. Ce soutien pourrait inclure l’acheminement d’équipements électoraux, la formation d’agents, et un appui technique à l’Autorité nationale des élections (ANE). Mais aucun détail n’a été fourni sur les montants ou les modalités de financement, ce qui suscite des interrogations sur la transparence de cette coopération.

Les risques sont multiples et pourraient entacher la légitimité du scrutin. L’implication russe pourrait refroidir les bailleurs traditionnels qui vont certainement exiger des garanties de neutralité. Par ailleurs, les sanctions occidentales contre la Russie compliquent les transferts financiers. Si Moscou a recours à des circuits non officiels, la RCA pourrait être exposée à des sanctions secondaires ou à une suspension de l’aide multilatérale. Malgré sa présence sécuritaire via Wagner ou ses successeurs, la Russie ne dispose pas d’une infrastructure électorale éprouvée en RCA. Le soutien proposé reste flou et ne répondra probablement pas aux standards internationaux. Les observateurs internationaux pourraient remettre en question la légitimité du scrutin, affectant la reconnaissance des résultats et la stabilité post-électorale.

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Un colloque sur « l’insécurité entretenue en Afrique » https://mondafrique.com/video/un-colloque-sur-linsecurite-entretenue-en-afrique/ https://mondafrique.com/video/un-colloque-sur-linsecurite-entretenue-en-afrique/#respond Thu, 18 Sep 2025 05:29:48 +0000 https://mondafrique.com/?p=138835 x  

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« Jeune Afrique » révèle le lobbying américain de Thiam https://mondafrique.com/confidentiels/jeune-afrique-revele-le-lobbying-americain-de-thiam/ https://mondafrique.com/confidentiels/jeune-afrique-revele-le-lobbying-americain-de-thiam/#respond Thu, 18 Sep 2025 05:20:44 +0000 https://mondafrique.com/?p=138830 Le 19 août 2025, anticipant sa mise à l’écart définitive de la course à la présidentielle, que le Conseil constitutionnel a finalement prononcée  le 8 septembre, Tidjane Thiam avait pris les devants. Ce jour-là, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI)  signait un contrat de lobbying avec deux cabinets américains, GlobalPoint International et […]

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Le 19 août 2025, anticipant sa mise à l’écart définitive de la course à la présidentielle, que le Conseil constitutionnel a finalement prononcée  le 8 septembre, Tidjane Thiam avait pris les devants. Ce jour-là, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI)  signait un contrat de lobbying avec deux cabinets américains, GlobalPoint International et Earhart Turner LLC, pour un montant total de 290 000 dollars, révèle Jeune Afrique (JA).

L’objectif affiché par Tidjane Thiam, selon Jeune Afrique », était, cet été, de promouvoir outre Atlantique une « Côte d’Ivoire démocratique » et dénoncer « les abus du régime actuel » par le biais d’une campagne baptisée Free and Fair Côte d’Ivoire. Et JA de poursuivre: » Le contrat détaille les prestations. Pour 200 000 dollars versés au cabinet GlobalPoint International (que dirige Christopher M. Harvin) pour une durée de trois mois (du 20 août au 19 novembre 2025), l’ancien directeur général de Credit Suisse s’offre du « conseil stratégique », des relations avec les médias, du lobbying direct auprès du Congrès et de l’administration Trump, ainsi qu’une visite officielle d’une délégation du PDCI aux États-Unis »

On apprend que pour 90 000 dollars, le contrat avec Earhart Turner LLC, dirigé par Karen R. Giorno, qui fut conseillère principale de la campagne de Donald Trump, complète ce dispositif. Les deux structures s’engagent à « sensibiliser les responsables américains » à la cause de Thiam et à « organiser des rencontres avec les think tanks influents de Washington ».

Tidjane Thiam reçu à Washington

« Dès le 15 septembre, poursuit l’hebdomadaire, William B. Stevens, sous-secrétaire adjoint pour l’Afrique de l’Ouestau Bureau des Affaires africaines du Département d’État, recevait Tidjane Thiam dans ses bureaux, à Washington ».

Le PDCI a largement diffusé la photo de cette rencontre sur les réseaux sociaux. « Échanges constructifs pour l’avenir de la Côte d’Ivoire »,commentait l’équipe du parti. « Il est encourageant de constater que le gouvernement américain s’engage à dialoguer de manière constructive avec tous les acteurs politiques de la Côte d’Ivoire. Les discussions ont porté sur la démocratie et sur la stabilité du pays ».

Le 5 septembre, Bloomberg a diffusé un long entretien dans lequel le chef du PDCI se disait déterminé à se battre pour devenir président (« Thiam Vows to Fight On to Become President of Ivory Coast »), affirmant ses motivations ainsi que sa vision d’une Côte d’Ivoiremoderne. Le même média avait ensuite souligné son tempérament combatif dans un article intitulé « I Don’t Do Regrets », insistant surson sens des valeurs et sur sa volonté d’avancer en dépit des obstacles.

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Mali, les transporteurs sous pression des jihadistes et des militaires https://mondafrique.com/confidentiels/mali-les-transporteurs-sous-pression-des-jihadistes-et-des-militaires/ https://mondafrique.com/confidentiels/mali-les-transporteurs-sous-pression-des-jihadistes-et-des-militaires/#respond Thu, 18 Sep 2025 05:03:26 +0000 https://mondafrique.com/?p=138826 Datée du 15 septembre 2025, une déclaration conjointe de trois corporations de transport au Mali, portant signature de leurs leaders respectifs, apparaissait sur les réseaux sociaux À savoir le Conseil malien des transporteurs routiers (Cmtr), le Syndicat national des transports (Snt) et le Syndicat national des chauffeurs et conducteurs routiers qui qualifient leur mission de […]

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Datée du 15 septembre 2025, une déclaration conjointe de trois corporations de transport au Mali, portant signature de leurs leaders respectifs, apparaissait sur les réseaux sociaux À savoir le Conseil malien des transporteurs routiers (Cmtr), le Syndicat national des transports (Snt) et le Syndicat national des chauffeurs et conducteurs routiers qui qualifient leur mission de suicidaire et dénoncent, « avec gravité, les discours officiels laissant croire qu’aucun blocus n’existe ».

Les transporteurs maliens déplorent « l’incapacité manifeste des autorités la transition, à garantir la sécurité minimale de nos activités ». Plus loin, seuls le Cmtr et le Synacor se réservent « le droit de prendre, dans les jours à venir, toutes les mesures nécessaires, dans l’intérêt des populations et des routiers ». L’allusion corrobore la rumeur selon laquelle, les sociétés victimes de l’embargo ont entrepris de négocier avec le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda), auteur des récents raids, notamment celui du 15 septembre, contre un convoi de camions citernes, sur l’axe Kayes-Bamako.

Peu d’heures après, le Snt se désolidarise de l’initiative, la répute contrefaite et termine son laïus, par une exhortation patriotique : « Vive les forces armées et de défenses (sic) et de sécurité du Mali ».

Le lendemain, 16 septembre, le site Meta de la Primature, affiche une publication qui relate la rencontre, du Premier ministre Abdoulaye Maïga, avec le Groupement malien des professionnels du pétrole. Le chef du gouvernement l’affirme, « le travail continue. Même si nous devons aller chercher notre carburant à pied avec des cuillères, nous allons le faire ».
 
 
Le 14 septembre, jour de l’offensive spectaculaire sur la file de véhicules, en vain sous escorte des Forces armées maliennes (Fama), Abou Houdayfa Albambari, figure émergente du Gsim, réitérait des menaces sévères, à l’endroit des entreprises et individus qui violeraient l’embargo.

Cependant, dans la capitale et d’autres villes, les correspondants de Veille Sahélienne ne constatent pas encore l’effet manifeste des restrictions. Certes, un vent de panique saisit certains ménages, les poussant à faire provision de bidons d’essence et de gas-oil. La spéculation tarifaire autour des hydrocarbures ne saurait tarder.

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L’étau islamiste se resserre au centre et au sud du Burkina https://mondafrique.com/a-la-une/letau-islamiste-se-resserre-au-centre-et-au-sud-du-burkina/ https://mondafrique.com/a-la-une/letau-islamiste-se-resserre-au-centre-et-au-sud-du-burkina/#respond Thu, 18 Sep 2025 04:45:33 +0000 https://mondafrique.com/?p=138820 Sur son agence de propagande, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) diffuse les images de l’intrusion de ses katibas, tôt le matin du 17 septembre, dans les faubourgs de la ville de Djibo, province du Soum (nord), à peine sortie d’une longue nuit de pluie, comme en témoignent les images vidéo […]

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Sur son agence de propagande, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) diffuse les images de l’intrusion de ses katibas, tôt le matin du 17 septembre, dans les faubourgs de la ville de Djibo, province du Soum (nord), à peine sortie d’une longue nuit de pluie, comme en témoignent les images vidéo
Vidéo Gsim raid Djibo : https://t.me/veillesah/185.
 
Un article de nos amis de « Veille Sahélienne »
 
 
Des centaines de motos, portant chacune 2 combattants, ont fondu vers la cible, au gré d’une large manœuvre d’enveloppement qui vise à étirer puis éclater le dispositif de défense. Aucune des sources de « Veille Sahélienne » n’a pu préciser la durée des combats ni estimer le bilan de la confrontation. La plupart des habitants préfèrent se terrer chez eux.
 
Le Gsim revendique la prise simultanée de trois positions de l’armée régulière. Des témoins évoquent de lourdes pertes en vies parmi les soldats et soulignent une faible résistance des unités en charge de sécuriser les entrées de Djibo, centre urbain, déjà éprouvé par des mois de blocus intermittent.
 
Communiqué Gsim : https://t.me/veillesah/184
 
 
Ce n’est pas la première offensive dans cette région. Une attaque avait leu ieu le 11 mai 2025 lors de l’insurrection djihadiste au Burkina Faso. Elle s’achève par la victoire des djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans qui avaient pillent un camp des Forces armées du Burkina Faso à Djibo.
 
Ouagadougou encore à l’abri

 
Si la capitale Ouagadougou demeure, pour l’instant, à l’abri de la menace, l’intensification des combats à Djibo, Bourzanga et Tougouri laisse présager une extension de la ligne de front vers le centre et le sud. Une telle évolution entraînerait l’effritement interne de la résistance et l’essor du doute, au sein de la population quant à l’efficacité d’une réponse purement militaire, en l’absence de coordination régionale ou d’engagement, de la junte, sur la voie de la négociation.
 
 
Une situation similaire prévaut, également, à l’intérieur deux autres pays de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes) où les discours de mobilisation patriotique et de relèvement du moral des troupes peinent à produire l’effet escompté. Au fil des assauts d’un ennemi déterminé, scepticisme et résignation grignotent la ferveur du soutien, des civils, aux trois régimes d’exception que sont le Mali, lr Niger et le Burkina.
 

 

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Le smartphone émancipe et espionne à la fois les Séoudiennes https://mondafrique.com/societe/le-smartphone-emancipe-et-espionne-a-la-fois-les-seoudiennes/ https://mondafrique.com/societe/le-smartphone-emancipe-et-espionne-a-la-fois-les-seoudiennes/#respond Wed, 17 Sep 2025 09:38:32 +0000 https://mondafrique.com/?p=138803 Massivement adopté dans le royaume, le smartphone est utilisé par les Saoudiennes de multiples façons, souvent pour étendre leur marge de manœuvre dans une société où, malgré de récentes avancées, leurs droits restent nettement inférieurs à ceux des hommes. Si l’objet constitue un vecteur d’« empowerment », il est aussi un instrument de surveillance. Hélène Bourdeloie Sociologue, […]

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Massivement adopté dans le royaume, le smartphone est utilisé par les Saoudiennes de multiples façons, souvent pour étendre leur marge de manœuvre dans une société où, malgré de récentes avancées, leurs droits restent nettement inférieurs à ceux des hommes. Si l’objet constitue un vecteur d’« empowerment », il est aussi un instrument de surveillance.

Sociologue, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Sorbonne Paris Nord et chercheuse au LabSIC et associée au Centre Internet et Société (CIS– CNRS), Université Sorbonne Paris Nord


En janvier 2019, l’affaire Rahaf Mohammed al-Qunun fit le tour du monde : cette jeune Saoudienne qui cherchait à fuir sa famille se retrouva immobilisée en Thaïlande, son passeport confisqué. Munie de son smartphone, elle utilisa les réseaux sociaux pour alerter les organisations internationales sur le sort qui l’attendait. Le Canada accepta finalement sa demande d’asile. Le chargé d’affaires saoudien en Thaïlande déclara alors que les autorités auraient mieux fait de la priver de son téléphone, révélant ainsi le pouvoir inédit de cet objet connecté.

La même année, la militante Manal al-Sharif, connue pour avoir cofondé le mouvement Women to Drive en 2011 et l’avoir popularisé sur les réseaux sociaux, ferma ses comptes Twitter et Facebook. Ces outils, qui lui avaient d’abord permis de libérer sa parole, étaient devenus un piège au service de la propagande saoudienne et de la désinformation. Instruments de résistance et de mobilisation féministe résonnant auprès du monde entier, les réseaux sociaux se révélèrent des armes oppressives.

À la fin des années 2010, de nombreuses Saoudiennes se servaient des réseaux sociaux pour développer leur entreprise ou leur business.

Ces exemples reflètent la grande diversité de la condition de la femme en Arabie saoudite – une condition qui ne saurait se réduire à la représentation stéréotypée de la femme musulmane victimisée, soumise ou, à l’inverse, de la femme entrepreneuse glamour et cosmopolite. Ils traduisent également le rôle que peut jouer le smartphone dans la négociation avec les normes de genre.

Alliant conservatisme religieux et avant-gardisme technologique, le royaume se hisse parmi les nations les plus connectées de la planète, se distinguant par des taux de pénétration record en matière de microblogging et de réseaux sociaux comme YouTube. Introduit dans les années 2000, le smartphone s’est très rapidement implanté dans cette société qui a fait de la numérisation et de l’investissement dans la tech l’un de ses nouveaux étendards politiques.

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Une femme consulte son téléphone au volant d’un véhicule garé dans une rue de Riyad, le 5 juillet 2023. L’Arabie saoudite a commencé à autoriser les femmes à conduire le 24 juin 2018. Fayez Nureldine/AFP

La ségrégation de genre instituée…

Façonnée par des dimensions historiques, culturelles, religieuses et économiques, l’identité de la femme saoudienne est plus complexe que celle véhiculée par l’Occident, qui voit en elle une subordonnée.

Il est vrai que l’héritage tribal et la doctrine wahhabite, dominants dans le pays, ont longtemps fixé un cadre rigoriste qui a façonné la place des femmes dans la société. Mais paradoxalement, c’est le boom pétrolier des années 1970 qui a renforcé et institutionnalisé la ségrégation de genre, constituant à la fois un obstacle et un levier à l’émancipation des femmes.

Toutefois, dans les années 2000, des réformes progressives ont eu lieu : depuis 2014, les Saoudiennes peuvent travailler dans de nombreux secteurs sans l’accord de leur tuteur ; depuis 2018, elles peuvent ouvrir leur propre entreprise et conduire sans cette autorisation préalable ; et depuis 2019, les femmes peuvent voyager sans accord tutélaire. Le plan Vision 2030 a du reste accéléré ce mouvement en inscrivant la libéralisation économique et sociale au cœur du projet politique saoudien.

La société reste néanmoins sexiste et hiérarchisée, avec des rapports de genre s’inscrivant dans un système patriarcal où l’homme détient l’autorité et définit l’honneur féminin comme un bien à protéger. Cette hiérarchie se manifeste dans la famille, l’espace public, la loi ou encore la langue, qui consacre la domination masculine.

C’est dans ce contexte d’une société ségrégationniste, où les Saoudiennes ont longtemps été assignées à la sphère domestique, mais aussi de réformes en faveur des droits des femmes, que le smartphone exerce un rôle polyvalent et paradoxal.

Les normes de genre ébranlées par le smartphone

Les Saoudiennes se sont rapidement approprié l’internet et, plus encore, le smartphone. Initialement plus connectées que les hommes – elles étaient 96 % à utiliser l’internet en 2015, contre 88 % pour les hommes (selon la Commission des Technologies de l’Information et de la Communications, devenue Commission de l’espace et de la technologie Space and Technology Commission) –, les Saoudiennes passaient aussi plus de temps en ligne, et se connectaient davantage depuis leur domicile et via leur smartphone. Ces pratiques s’expliquaient à la fois par la construction statutaire de l’identité de genre, qui les confinait à l’espace domestique, et par l’interdiction de conduire, laquelle contribuait à renforcer leur usage du smartphone.

Loin d’être un simple outil technique, le smartphone a dès lors été investi comme support de visibilité et d’expression de soi pour compenser une invisibilité engendrée par la ségrégation de genre.

Toujours à portée de main, le smartphone s’est aussi imposé comme un accessoire de mode, éminemment visible pour les Saoudiennes vêtues d’abāya et de niqāb, une visibilité d’autant plus marquée avant la déclaration en 2018 du prince héritier Mohammed Ben Salmane, homme fort du royaume, déclaration selon laquelle le port de l’abāya n’était pas obligatoire.

Dans cette société stratifiée où les objets ont un pouvoir distinctif – un iPhone dernier cri est un marqueur social et esthétique –, le smartphone devient une parure ostentatoire, un instrument de stylisation et de présentation de soi qui s’exhibe dans les espaces publics, en particulier dans les centres commerciaux où les femmes peuvent déambuler en confiance.

Au-delà de son rôle symbolique, le smartphone a ouvert un espace d’émancipation grâce à la photographie et aux réseaux sociaux, alors même que l’image humaine est controversée dans l’islam et que les photographies furent longtemps proscrites en Arabie saoudite, le pays étant allé jusqu’à bannir les premiers téléphones munis d’appareils photos. Ces interdictions ont progressivement cédé, en dépit de restrictions persistantes.

En 2016, l’essor de Snapchat joua un rôle décisif. Très populaire en Arabie saoudite – le royaume figurait parmi les premiers utilisateurs au monde –, l’application permit aux jeunes femmes de se rendre visibles à travers des selfies et portraits retouchés. Les filtres constituaient autant de stratégies pour contourner la censure islamique, un portrait ou un corps modifié n’étant plus considéré comme une représentation humaine. Ces usages ludiques pouvaient être transgressifs : montrer ses cheveux ou son visage, même transformés, revenant à défier les normes.

Le smartphone a ainsi permis aux Saoudiennes de négocier avec les codes, d’affirmer la présence des femmes dans l’espace numérique et, parfois, de contester l’ordre social établi.

Le smartphone : instrument au service ou contre le féminisme ?

Pour les Saoudiennes, empêchées de conduire jusqu’en 2018, le smartphone devint un instrument de mobilité via les applications de VTC Uber ou Careem, leur permettant de se déplacer sans recourir à un membre masculin de leur famille ou à un chauffeur privé. Les applications de géolocalisation rassuraient quant à elles les proches, facilitant les sorties des jeunes filles.

Au-delà, le smartphone constitue un véritable instrument de militantisme. Le mouvement Women to Drive trouva ainsi une nouvelle ampleur grâce au numérique. En 2013, c’est en effet avec leur mobile connecté que des Saoudiennes, bravant publiquement l’interdiction de conduire, se filmèrent au volant et diffusèrent leurs vidéos sur YouTube et Twitter.

Plus largement, dans ce pays où la scène politique est inexistante, c’est sur les réseaux sociaux que se tiennent les débats et mobilisations féministes. C’est d’autre part grâce au développement de services numériques que les Saoudiennes ont pu s’affranchir de certaines règles du système de tutelle. Ainsi, créée en 2015, l’application gouvernementale Absher a-t-elle pu simplifier le quotidien des femmes, leur ouvrant même la voie pour déjouer le système en s’octroyant elles-mêmes l’autorisation de voyager.

Pourtant, le smartphone peut aussi jouer contre le féminisme. Cette même application Absher, initialement conçue pour faciliter l’ensemble des démarches administratives, a ainsi été dénoncée comme un objet de surveillance renforçant le contrôle sur les femmes. Par ailleurs, instrumentalisés par le régime, les smartphones sont devenus des objets de filature via leur numéro IMEI, permettant de traquer les personnes dissidentes ou des Saoudiennes tentant d’échapper à leur possible funeste destinée.

Outil d’émancipation et d’empowerment, le smartphone en Arabie saoudite est donc aussi un instrument de contrôle. C’est cet objet qui, au-delà des cas de Rahaf Mohammed ou de Manal al-Sharif cités plus haut, a permis à des femmes de développer leur entrepreneuriat sur Instagram, ou à des prédicatrices musulmanes de défendre leurs droits sur la scène numérique en luttant en faveur de la préservation du système de tutelle, considéré par certaines d’entre elles comme un dispositif de protection de la femme saoudienne.

Au service du féminisme – un regard tourné vers l’Orient met du reste au jour la pluralité de ses visages, irréductible à un modèle de résistance calqué sur l’expérience occidentale –, le smartphone en Arabie saoudite peut servir la cause des femmes autant que la desservir. Il a pu ainsi œuvrer contre le féminisme en renforçant le contrôle des voix dissidentes, en développant l’espionnage et la traque, et en consolidant, via les réseaux sociaux, une culture de la surveillance déjà ancrée dans le tissu social. Ni simple outil d’émancipation, ni pur instrument d’oppression, le smartphone demeure un objet et un espace de tensions où se redessinent les rapports de pouvoir et les normes de genre.


Ce texte prend appui sur une communication présentée lors du XXIe congrès de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF) qui a eu lieu en 2019.

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Niger, la ville de Tillabéri encerclée par les djihadistes  https://mondafrique.com/confidentiels/niger-la-ville-de-tillaberi-encerclee-par-les-djihadistes/ https://mondafrique.com/confidentiels/niger-la-ville-de-tillaberi-encerclee-par-les-djihadistes/#respond Wed, 17 Sep 2025 09:12:17 +0000 https://mondafrique.com/?p=138797 Le 11 septembre 2025, pour la seconde fois en 24 heures, des centaines de jihadistes déferlaient à Tillabéri, ville verrou de communication du sud-ouest du Niger, qui jouxte le Burkina Faso, le Bénin et le Nigéria. Durant l’après-midi, ils réoccupaient une partie du périmètre investi la veille, précisément les alentours de la Direction des sapeurs-pompiers […]

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Le 11 septembre 2025, pour la seconde fois en 24 heures, des centaines de jihadistes déferlaient à Tillabéri, ville verrou de communication du sud-ouest du Niger, qui jouxte le Burkina Faso, le Bénin et le Nigéria. Durant l’après-midi, ils réoccupaient une partie du périmètre investi la veille, précisément les alentours de la Direction des sapeurs-pompiers (Dsp) au centre de l’agglomération.

Un article de « Veille sahélienne », partenaire de Mondafrique

Nommé depuis quelques semaines, à la tête de la Zone N° 1, avec siège à Tillabéri, le Colonel Harouna Mahamadou Soukarédjou vient d’échapper à la colère de ses subordonnés. Il tenterait de rejoindre Niamey.

https://www.youtube.com/watch?v=gsMq7VcjC8I

Déjà, le 10 septembre 2025, à 15 heures, une colonne de combattants de l’Etat islamique au Sahel (Eis), entrait à Tillabéri, L’intrusion soudaine et sans précédent sema la sidération parmi les habitants contraints à se rabattre vers la brousse environnante.

Auparavant, les attaques, furtives, visaient plutôt les faubourgs. De la part des assaillants le nouveau surcroît d’audace révèle, à l’intérieur de l’ensemble Alliance des Etats du Sahel (Aes), l’accroissement des capacités à mener des offensives conventionnelles. L’asymétrie s’efface au profit de l’engagement frontal.

Des militaires barricadés

Malgré l’insistance des ordres reçus de Niamey, la capitale, les militaires refusaient de sortir du camp où ils se barricadaient en attendant l’accalmie. Le raid du 10 septembre dura environ une heure et permit, aux agresseurs, d’emporter des centaines de têtes de bétail, d’incendier un camion et de se livrer à des déprédations sur des bâtiments publics. Des unités de la Garde nationale, envoyées aux fins de compenser l’abstention de l’armée de terre et de récupérer le butin, tombèrent dans une embuscade qualifiée de « complexe ». 14 soldats et 1 civil périrent et plusieurs véhicules brûlaient encore, selon des témoins accourus, dès l’arrêt des combats. Le bilan des pertes, du côté de l’Eis n’est pas connu.

Le même jour, à Yélou, la région de Dosso, des hordes d’inconnus à moto, probablement des Lukawaras affiliées à l’Etat islamique, débordaient les positions de la Garde nationale. Là, aussi, le détail des pertes respectives fait défaut.

La récidive en cours ce 11 septembre et la lenteur de la séquence du vol de cheptel, témoignent de l’impuissance des troupes régulières, lesquelles exigent une protection aérienne, comme préalable à leur devoir de poursuite. Les Forces de défense et de sécurité (Fds) du Niger et les milices connexes disposent d’une nette supériorité en équipement de guerre mais le nombre, la motivation et l’acharnement tournent à l’avantage d’une insurrection diversifiée (Lukawaras, Iswap, Eis, Gsim, Mahmuda). S’y rajoute, sans coordination avérée, la rébellion Touboue du Mouvement patriotique pour la liberté et la justice (Mplj), qui réclame la libération de l’ancien Président Mohamed Bazoum et la restauration de la démocratie.
 

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Les passeports maliens livrés à une société chinoise https://mondafrique.com/confidentiels/les-passeports-maliens-livres-a-une-societe-chinoise/ https://mondafrique.com/confidentiels/les-passeports-maliens-livres-a-une-societe-chinoise/#respond Tue, 16 Sep 2025 05:47:16 +0000 https://mondafrique.com/?p=138744 Un parfum pestilentiel d’opacité entoure l’attribution d’un marché public malien de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA. Selon nos informations, c’est la société EMPTECH, basée à Shenzhen en Chine, qui a emporté la fabrication des passeports du Mali, révèle le journal « Le Spinx ». Adama Dramé Mais ce marché, conclu sans appel d’offres ouvert ni […]

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Un parfum pestilentiel d’opacité entoure l’attribution d’un marché public malien de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA. Selon nos informations, c’est la société EMPTECH, basée à Shenzhen en Chine, qui a emporté la fabrication des passeports du Mali, révèle le journal « Le Spinx ».

Adama Dramé

Mais ce marché, conclu sans appel d’offres ouvert ni concurrence réelle, soulève des interrogations sur les méthodes de passation et la gouvernance publique dans ce que les thuriféraires du régime appellent pompeusement le Malikura.

Un marché sans concurrence

Le contrat a été octroyé à EMPTECH dans le plus grand secret, par entente directe. Comme dans un passé récent, pourtant décrié par des dizaines de millions de Maliens, on a, encore écarté toute procédure transparente de mise en concurrence.

Aucune publication officielle ne permet de vérifier les critères d’éligibilité ni le montant exact engagé. « Le Mali mérite des contrats publics plus clairs et compétitifs », confie un expert, rappelant que la loi malienne prévoit des exceptions au gré à gré mais sous conditions strictes.

L’ombre du précédent burkinabè

Ce n’est pas la première fois que la société chinoise décroche un contrat sensible en Afrique de l’Ouest. Fondée en 1995 à Shenzhen, EMPTECH s’est récemment illustrée au Burkina Faso en fournissant les nouveaux passeports burkinabè. Là encore, le pays venait de se retirer de la CEDEAO, comme le Mali, et le choix de ce prestataire avait soulevé de nombreuses interrogations locales. L’expérience burkinabè a sans doute facilité l’accès de la société au marché malien.

 Les techniciens d’EMPTECH ont littéralement envahi la Maison du Savoir Numérique (MSN), introduits par un haut cadre malien, suscitant de vives inquiétudes dans certains cercles administratifs et sécuritaires. Car derrière cette installation discrète se pose une question sensible : que deviennent les données stratégiques et les documents officiels lorsqu’ils tombent entre les mains d’une entreprise privée étrangère ? Beaucoup y voient une brèche béante dans la souveraineté numérique du Mali. « La souveraineté prend un coup », commente un universitaire, inquiet des implications à long terme d’un tel choix.

Questions de transparence

 Pourquoi confier, sans débat public, un marché aussi stratégique à une entreprise étrangère, et de surcroît dans une zone aussi sensible que la production de documents officiels ? La récurrence des attributions opaques alimente un climat de suspicion, renforcé par l’absence de communication du gouvernement malien qui, in fine, fait pire que celui qu’il a remplacé après le coup d’État téléphoné du 18 août 2025

Dans un contexte marqué par des tensions politiques et une demande sociale croissante de redevabilité, le silence des autorités sur cet énième contrat pourrait alimenter la défiance. « L’opacité nourrit toujours la rumeur et la rumeur fragilise l’État », avertit un juriste.

 

 

 

 

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Burkina, ces groupes armés qui massacrent des civils https://mondafrique.com/confidentiels/afrique/burkina-ces-groupes-armes-qui-massacre-des-civils/ https://mondafrique.com/confidentiels/afrique/burkina-ces-groupes-armes-qui-massacre-des-civils/#respond Mon, 15 Sep 2025 07:18:36 +0000 https://mondafrique.com/?p=138700 Deux groupes armés islamistes ont tué plusieurs dizaines de civils lors de trois attaques distinctes dans le nord du Burkina Faso depuis le mois de mai. Depuis le début de leur insurrection au Burkina Faso en 2016, les groupes armés islamistes ont, à plusieurs reprises, attaqué et déplacé de force des dizaines de milliers de civils. Le […]

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Deux groupes armés islamistes ont tué plusieurs dizaines de civils lors de trois attaques distinctes dans le nord du Burkina Faso depuis le mois de mai. Depuis le début de leur insurrection au Burkina Faso en 2016, les groupes armés islamistes ont, à plusieurs reprises, attaqué et déplacé de force des dizaines de milliers de civils. Le gouvernement cible de plus en plus les civils lors de ses opérations de contre-insurrection.


(Nairobi, le 15 septembre 2025) – Deux groupes armés islamistes ont tué plusieurs dizaines de civils au cours de trois attaques distinctes dans le nord du Burkina Faso depuis mai 2025, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces attaques ont violé le droit international humanitaire, et sont susceptibles de constituer des crimes de guerre.

Un groupe armé lié à Al-Qaïda, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou Jama’at Nusrat al-Islam wa al-Muslimeen, JNIM), a attaqué la ville de Djibo, dans la région du Sahel, le 11 mai, et le village de Youba, dans la région du Nord, le 3 août, tuant au total au moins 40 civils. L’État islamique au Sahel (EIS) a attaqué un convoi civil transportant de l’aide humanitaire vers la ville assiégée de Gorom Gorom, dans la région du Sahel, le 28 juillet, tuant au moins 9 civils.

« Les groupes armés islamistes au Burkina Faso sont responsables d’atrocités répétées contre les civils depuis 2016 », a déclaré 
Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights Watch. « Les autorités devraient assurer une meilleure protection de tous les civils en danger, enquêter sur les abus, y compris ceux commis par l’armée et les milices alliées, et juger les responsables lors de procès équitables. »

Depuis le début de leur insurrection au Burkina Faso en 2016, les groupes armés islamistes ont, à plusieurs reprises, 
attaqué et déplacé de force des dizaines de milliers de civils. Le gouvernement burkinabè, qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en 2022, cible de plus en plus les civils lors de ses opérations de contre-insurrection.

Entre mai et août 2025, Human Rights Watch a mené des entretiens par téléphone avec 23 personnes, dont 14 témoins d’abus et 9 activistes de la société civile, membres du système judiciaire, chefs communautaires, journalistes et membres de milices.

Le GSIM 
a revendiqué l’attaque du 11 mai sur Djibo, au cours de laquelle des centaines de combattants ont envahi une base militaire, saisi des armes et tué des dizaines de soldats. Les combattants sont entrés dans plusieurs quartiers de la ville, y ont exécuté au moins 26 civils et incendié des boutiques et des centres médicaux. Selon des témoins, les combattants ont ciblé des civils appartenant à des sous-groupes de l’ethnie peule, qu’ils accusaient d’avoir rejoint ou de soutenir les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des auxiliaires civils qui assistent les forces armées dans les opérations de contre-insurrection.

« Nous avons trouvé les corps, y compris ceux d’hommes très âgés, à l’intérieur ou à l’extérieur de leurs maisons », a raconté un homme de 56 ans. « Beaucoup ont été abattus d’une balle dans la tête. »

Le 3 août, le GSIM a attaqué le village de Youba et tué 14 civils, dont une femme et quatre enfants, dont deux sont morts après que des combattants ont mis le feu à une boutique dans laquelle ils s’étaient cachés. D’après les habitants, l’attaque visait à punir la communauté parce qu’elle n’avait pas respecté les ordres du GSIM de ne pas cultiver de cultures hautes qui, selon les combattants, gênaient leurs opérations.

Dans une réponse du 15 août aux questions de Human Rights Watch, le Comité chariatique du GSIM au Burkina Faso a écrit que le GSIM « n’a jamais, et ne saurait jamais, viser intentionnellement des civils. Si certains prétendent que des exactions auraient été commises à Djibo, à Youba ou dans toute autre localité, il ne saurait s’agir que d’allégations dénuées de fondement, ou, tout au plus, d’incidents fortuits dus à des projectiles perdus, dont nous n’avons pas eu connaissance. »

Le 21 août, Human Rights Watch a adressé un courrier aux ministres de la Justice et de la Défense du Burkina Faso pour leur communiquer les conclusions de ses recherches et des questions, mais n’a reçu aucune réponse.

En juillet, l’EIS a attaqué un convoi civil escorté par des soldats et des milices burkinabè. Le convoi transportait des civils ainsi que de la nourriture et d’autres fournitures humanitaires destinées à la ville assiégée de Gorom Gorom. Des témoins et d’autres sources ont confirmé que le convoi ne transportait pas d’armes ou de matériel militaire.

« Je me souviens de la peur ressentie ce jour-là », a raconté un survivant âgé de 52 ans. « J’ai entendu de nombreux coups de feu et des cris. J’ai sauté du camion, je me suis accroupi les mains sur la tête et j’ai attendu mon sort. »

Toutes les parties au conflit armé au Burkina Faso sont soumises au droit international humanitaire, notamment à 
l’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949 et au droit de la guerre coutumier. Le droit de la guerre interdit les exécutions sommaires, les attaques contre des civils et des biens à caractère civil, ainsi que le pillage, entre autres violations.

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