2,7% seulement est la part dérisoire des revenus miniers reversée au Trésor public centrafricain entre 2021 et 2025, selon le dernier rapport du Fonds monétaire international.
Sur les seize préfectures de la RCA, dix produisent de l’or et neuf des diamants. On estime de manière prudente le nombre total de travailleurs sur les sites miniers dans tout le pays entre 150 000 à 200 000 personnes.
Avant la crise de 2013, les minéraux étaient la troisième source de revenus du gouvernement centrafricain, après l’agriculture et la sylviculture. Les exportations de diamants représentaient à elles seules 11 % des recettes fiscales en 2010. Déjà, à cette époque, au moins 30 % des diamants quittaient illégalement la RCA;
Alors que les mines d’or et de diamants prospèrent, le peuple, lui, reste plongé dans la pauvreté. Une situation qui révèle une gouvernance minière défaillante, gangrenée par l’opacité et les intérêts privés.Une manne minière détournée
La production d’or a explosé, passant de 857 kilos à plus de 5 tonnes en quatre ans. Les recettes estimées dépassent les 150 milliards de Fcfa. Pourtant, seuls 4 milliards ont été versés au Trésor. Où est passé le reste ? Le FMI pointe du doigt un système de supervision défaillant, des circuits officiels contournés, et des taxes locales qui n’arrivent jamais à l’administration centrale.
Ce n’est pas une simple négligence : c’est une captation organisée des richesses nationales. Le gouvernement, censé être garant de l’intérêt général, semble incapable – ou peu désireux – de mettre fin à ces pratiques. Le nouveau Code minier, promulgué en août 2024, n’a pour l’instant qu’un effet cosmétique. Sa crédibilité est déjà entamée par l’absence de transparence et de contrôle.
Une gouvernance en faillite
Le FMI ne mâche pas ses mots : sans une réforme profonde et une mise en œuvre rigoureuse, le secteur minier restera un « foyer d’opacité budgétaire ». L’institution appelle à des contrats transparents, des mécanismes de suivi indépendants, et une publication régulière des données. Mais ces recommandations, bien que pertinentes, se heurtent à une réalité politique verrouillée.
Car derrière les chiffres, c’est une question de volonté politique. Et cette volonté semble absente. Le régime en place, qui multiplie les discours sur le développement, laisse les ressources du pays s’évaporer dans des circuits opaques. Le peuple centrafricain, lui, ne voit ni routes, ni écoles, ni hôpitaux issus de cette richesse.
Ce scandale minier est le symptôme d’un système à bout de souffle, où les intérêts privés priment sur le bien commun.