Au Royaume-Uni, l’Agence britannique anti-criminalité (NCA), vient d’annoncer que la directrice de cabinet du président malgache, Andry Rajoelina, Romy Andrianarisoa et son associé-affairiste français, Philippe Tabuteau, ont été arrêtés. Ils sont accusés d’être au cœur d’une affaire de corruption pour l’attribution illégale de licences d’exploitation à un groupe minier Gemfields, a annoncé lundi l’Agence britannique anti-criminalité (NCA). Ce qui a valu à cette collaboratrice de la Présidence d’être licenciée sur le champ.
Accusés d’avoir ouvertement demandé de l’argent aux dirigeants de Gemfields pour octroyer à l’entreprise ces fameuses licences, ils contreviennent ainsi à toutes les règles élémentaires de marché public. Romy Andrianarisoa, 46 ans, et Philippe Tabuteau, 54 ans, auraient demandé de larges émoluments à Gemfields (260 000 euros et 5% de participation au capital ensuite) avant d’être arrêtés en fin de semaine dernière à Londres, dénoncés par leurs interlocuteurs auprès de l’Agence britannique anti-criminalité. Actuellement placés derrière les barreaux, les deux prévenus ont comparu samedi dernier à Southwark Crown Court.
Le fait que cette affaire touche un membre de l’équipe du Président malgache, à quelques mois de l’élection présidentielle où Rajeolina fait figure de favori, provoque d’ores et déjà l’excitation et la hargne de ses opposants qui voudraient bien profiter de l’occasion pour le discréditer. Or, Rajoelina a fait de la lutte contre la corruption une priorité de ces chantiers présidentiels depuis des années.
Longtemps très mal classée en terme de corruption, Madagascar a évolué. Et, en novembre 2022, l’Agence américaine MCC (Millennium Challenge Corporation) – reconnaissait les premiers progrès marquants du gouvernement de Rajoelina en classant Madagascar parmi les pays qui conduisent une politique efficace de lutte contre la corruption. Ainsi, sous l’impulsion de son Président, Madagascar a rejoint le groupe des pays reconnus dans le monde comme les plus proactifs et les plus efficaces dans leurs programmes de lutte contre la corruption. De nombreuses campagnes de sensibilisation contre ce fléau ont été lancées dans le foulée à la fin 2022.
Pris sur le fait lors d’une réunion à Londres la semaine dernière, Andrianarisoa et Tabuteau n’en sont sûrement pas à leur galop essai. Tabuteau est connu pour intriguer pour plusieurs succursales de services étrangers en Afrique. Il le fait du Maroc à la Guinée, et donc également à Madagascar, et par tous les moyens.
Si Tabuteau s’est lié avec Romy Andrianarisoa dans le cadre d’une entreprise de conseil auparavant, celui-ci s’est toujours heurté à la grande méfiance à son égard des acteurs économiques et gouvernementaux à Madagascar. A tel point, selon certains observateurs sur place, qu’il avait abandonné la réalité de ses activités sur la Grande Île, et ce malgré la position occupée récemment par sa complice.
La réaction du Palais présidentiel d’Iavoloah ne s’est pas fait attendre. Rajoelina dans un communiqué, dénonce les agissements de sa Directrice de cabinet. Il précise qu’aux dates citées dans l’enquête, elle était en congé de ses fonctions et n’agissait pour le compte de personne d’officiel, mais en son nom propre. Enfin, il s’en remet à la justice britannique, tout en rappelant les dispositions relatives aux relations bilatérales entre Madagascar et le Royaume-Uni, qui permettront « une franche collaboration afin de faire la lumière sur cette affaire et de faire prévaloir la vérité ».
Certains proches conseillers du palais, en privé, évoquaient récemment une colère sans précédent du Président en exercice. « Un coup de poignard » de la part de sa directrice de cabinet « qu’il ne laissera pas passer », « il sera impitoyable avec elle et ceux qui ont joués de leur relation avec Andrianarisoa ».
Et comme par hasard cela arrive juste peu de temps avant les élections. Et bien évidemment, la présidence se désolidarise. L’intégrité et l’efficacité dérangent.