C’est une livraison d’hélicoptères russes qui pourrait fragiliser un peu plus les relations déjà tendues entre le Mali et la France, comme le raconte le correspondant d’Ouest france au Mali, Paul Lorgerie.
Jeudi, sur les coups de 23 heures, un Antonov An-124-100 de l’armée de l’air russe s’est posé sur le tarmac de l’aéroport de Bamako, la capitale malienne. L’avion, capable de transporter plus de 120 tonnes de matériel, avait à son bord quatre hélicoptères de transport et d’attaque Mi-171. Selon Sadio Camara, le ministre malien de la Défense, ces quatre appareils ont été achetés avec des fonds du budget national, dans le cadre d’un contrat signé en décembre 2020. L’Antonov transportait aussi des armes et des munitions « offertes par la Fédération de Russie […], pays ami ». Le tout est destiné aux militaires maliens, en guerre contre le terrorisme depuis 2012.
D’après le site Flightradar, qui permet de suivre les vols internationaux en temps réel, l’aéronef a décollé de la base aérienne de Pouchkine, ville de la banlieue sud de Saint-Pétersbourg, mercredi 29 septembre vers 16 h, heure de Paris. Cette base militaire abrite, selon le groupe de réflexion géorgien Rondeli Foundation, des hélicoptères de transport appartenant à l’armée russe.
« Il s’agit d’une commande qui a été passée par le ministre malien de la Défense », informe une source politique, « mais cela n’a rien à voir avec Wagner. » Car la Russie n’en est pas à sa première livraison. En janvier 2021, les autorités maliennes ont reçu un hélicoptère de type Mi-35, commandé par le gouvernement renversé le 19 août 2020. Deux autres livraisons de matériel russe seraient prévues, selon des sources locales.
Wagner en embuscade
Début septembre, l’agence de presse Reuters a révélé que des pourparlers étaient engagés entre le gouvernement malien et la sulfureuse société Wagner, composée de paramilitaires d’Europe de l’est connus pour leurs faits d’armes peu reluisants dans des pays tels que la Syrie ou encore la République centrafricaine (RCA).
Lors de la 76e assemblée générale des Nations unies, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a attisé le feu en confirmant que les autorités maliennes « se sont adressées à des compagnies armées privées parce que la France a décidé de réduire significativement sa présence militaire ». Une déclaration qui résonne avec les mots du Premier ministre malien, Choguel Maïga, qui quelques heures plus tôt avait dénoncé « l’abandon en plein vol » de la France, faisant une référence explicite à la réduction de la voilure de l’opération Barkhane – actuellement forte de près de 5 200 hommes – annoncée en juillet par Emmanuel Macron.
Le président français n’a pas hésité à qualifier les propos du Premier ministre malien « d’inacceptables », allant jusqu’à dire que « c’est une honte [qui] déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement », à l’heure où le bilan français des soldats tombés au combat s’alourdit, avec la mort du sergent Maxime Blasco.
« Si le Mali engage un partenariat avec des mercenaires, le Mali s’isolera et perdra le soutien de la communauté internationale qui est pourtant très engagée au Mali », a mercredi menacé Florence Parly, ministre française des Armées. Lundi, elle avait accusé le pouvoir malien de « s’essuyer les pieds sur le sang des soldats français », fustigeant sa « mauvaise foi » quant aux engagements pris auprès de la communauté internationale.
La relation entre Bamako et le Kremlin ne date pour autant pas d’hier. Au lendemain de l’indépendance, Moscou avait ouvert les bras aux Maliens pour différentes formes de collaborations. Depuis, des milliers d’étudiants et militaires (dont Sadio Camara) ont été envoyés dans les différentes universités et écoles de guerre russes.
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