Après une semaine d’attente aux frontières des eaux ivoiriennes, le Zimrida, navire transportant 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, matière à l’origine de l’explosion dans le port de Beyrouth, au Liban, en août 2020, a finalement pu accoster à Abidjan.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Fin de l’affaire Zimrida, du nom du cargo qui transporte 20 000 tonnes d’ammonium. Ce navire a dû patienter durant une semaine au large des côtes ivoiriennes parce qu’il a été précédé de rumeurs mettant en cause une avarie qu’il avait subie durant son voyage et qui avait fait, effectivement de lui, une « bombe flottante ». En raison également de la nature du produit qu’il transporte : le nitrate d’ammonium.
Mais le cargo a pu décharger en Angleterre, selon les autorités portuaires ivoiriennes et son propriétaire a pu se débarrasser des 300 tonnes d’engrais avarié qui représentait le danger pour lequel il faisait l’objet de méfiance alimentée par les réseaux sociaux ivoiriens qui ont alerté les populations en exploitant une partie de l’article de presse qui décrivait le parcours de ce bateau.
Visite très médiatisée du bateau
Finalement, ce mardi 7 janvier, après une réunion quadripartite qui a réuni la veille, autorités portuaires, douanes ivoiriennes, propriétaire de la marchandise et le transporteur, une visite fortement médiatisée de la cargaison a été organisée par les autorités portuaires.
« Comme prévu, hier, après la réunion technique de tous les acteurs étatiques et du secteur privé, nous organisons cette visite du navire à l’attention des médias », a précisé Hien Sié, directeur général du Port autonome d’Abidjan, à l’issue de la visite.
Prenant à témoins les journalistes, il a ensuite expliqué le Zimrida ne présentait aucun danger parce que, a-t-il dit, « comme tout navire entrant dans le port, ce navire a fait l’objet d’un contrôle de la direction générale de l’affaire maritime et portuaire ». Sans ce contrôle, « aucun navire ne peut accéder au port d’Abidjan et dans les ports ivoiriens. Donc si le Zimrida est dans le port, c’est qu’il n’est pas sur une liste noire », a-t-il ajouté.
Pas de risques politiques
En réalité, si la rumeur sur le Zimrida a suscité autant d’émoi en si peu de temps, c’est parce que le pays a déjà connu une histoire similaire en 2006, année où plusieurs centaines mètres cubes de déchets toxiques avaient été convoyés sur le cargo Probo Koala par l’entreprise helvético-singapourienne Trafigura puis déversés dans plusieurs endroits de la ville d’Abidjan. Au moins 17 personnes avaient alors trouvé la mort et plusieurs centaines d’autres avaient été blessées. Selon Amnesty International, en octobre 2006 les structures médicales ivoiriennes avaient accueilli 100.000 patients souffrant de nausée, de vomissements, de maux de tête, ainsi que de douleurs abdominales et d’irritations cutanées et oculaires causés par les déchets toxiques du Trafigura.
Par ailleurs, le nitrate d’ammonium, le principal composant de l’engrais a été à l’origine de l’explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en août 2020, causant ainsi la mort de plus de 200 personnes. Or, à dix mois de l’élection présidentielle à laquelle devrait, sauf surprise, participer le président Alassane Ouattara, il est plutôt politiquement suicidaire de laisser prospérer un scandale à la Trafigura. C’est d’ailleurs ce qui explique la mise en scène de l’inspection du cargo Zimrida avant que les 3 000 tonnes de sa cargaison destinées à la Côte d’Ivoire ne soient déchargées. Sans encombre et au grand soulagement des populations des populations d’Abidjan et des politiques ivoiriens.