L’ancien premier ministre de Gbagbo, Affi N’guessan, dirige depuis l’année 2000, le Front populaire ivoirien (FPI), un parti d’obédience socialiste créé en 1982 par Laurent Gbagbo qui finalement le quittera lors de son retour à Abidjan. Depuis, le mouvement a perdu tout positionnement clair sur l’opportunité d’un nouveau mandat du président Ouattara qui n’a pas encore déclaré s’il se présentait à nouveau en 2025.
Pascal Affi N’Guessan n’est pas un homme rancunier. Il a passé deux ans en prison après la crise post-électorale de 2010-2011, puis près de deux mois en détention après la réélection du président ivoirien, Alassane Ouattara, pour un troisième mandat controversé en 2020; mais ce passé ne l’a pas empêché de conclure, le 2 mai 2023, un accord de partenariat avec le parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Pour autant, les militants de son mouvement, le FPI n’ont pas de ligne politique claire face au pouvoir.
Affi N’Guessam, est la cible d’accusations, parfois contradictoires, d’une partie de ses cadres. Or, à quatre mois du congrès du parti au cours duquel il devrait logiquement briguer une troisième candidature à l’élection présidentielle, ces critiques sont forcément d’un mauvais effet. Surtout qu’elles émanent du cercle rapproché de ses collaborateurs, notamment du vice-président chargé des questions juridiques et des relations internationales, Pierre Dagbo Godé.
Pierre Dagbo Godé est un avocat et un universitaire qui enseigne le droit à l’université d’Abidjan et au Canada. C’est un homme qui avait occupé, sous la présidence de Laurent Gbagbo, les fonctions de directeur général du Centre de promotion des investissements ivoiriens (Cepici) avant d’entrer en conflit avec celui-ci après son limogeage.
La main tendue de Pierre Dagbo à Ouattara
Longtemps, Pierre Dagbo Godé avait soutenu l’ex-premier ministre contre Laurent Gbagbo. Depuis, il entretient des liaisons politiques toxiques avec le RHDP, le mouvement libéral de la majorité présidentielle de Ouattara. Ce qui ne correspond pas à la ligne plus subtile, certains diront plus fluctuante, d’Affi N’Guessam
Le 24 avril 2024, ce dernier avait en effet demandé une enquête parlementaire d’audit sur la filière café-cacao, où des proches de Ouattara sont mis en cause. Il avait refusé de participer à la fête du RHDP, le parti au pouvoir, provoquant la colère de la direction du parti présidentiel et notamment du haut-représentant du chef de l’Etat, Koné Kafana.
L’ombre de Gbagbo
Une partie des militants continue de se rappeler aux bons souvenirs de l’ex-président en dépit de la séparation. Ainsi, depuis qu’il a lancé son appel à l’union à Bonoua, dans la ville de son ex-femme Simone Gbagbo, beaucoup poussent le président du parti, Affi N’guessan, à renouer le dialogue avec Laurent Gbagbo qu’une partie de l’opinion considère encore comme le seul qui peut battre Ouattara en 2025. Pour ces derniers, il n’est pas question de soutenir le président sortant ou son parti; a plupart d’entre eux ont été les victimes de sa répression.
Les rapports de forces au sein du FPI ont toujours été dominés par l’opposition entre les anti et les pro-Ouattara. Il serzit temps pour ce mouvement d’inscrire ce sujet à l’ordre.