Quatre spécialistes algériens et des experts en cybersécurité éthiopiens ont inspecté les salles du siège de l’Union africaine et débusqué des micros placés sous les bureaux et dans les murs.
Il n’y a pas que les Occidentaux et les Israéliens qui espionnent l’Union africaine (UA) et ses dirigeants. Le Monde Afrique révèle, dans une enquête fouillée, publiée le 26 janvier 2018, que les services de renseignement chinois, probablement les 3e et 4e départements de l’état-major général de l’APL, ont «pompé» une masse impressionnante de données sensibles de l’organisation panafricaine, dont le siège se trouve à Addis-Abeba en Ethiopie.
Comment cela a-t-il pu se faire ? Le média français indique que Pékin a offert gracieusement à l’UA des systèmes informatiques clé en main comportant des failles volontairement laissées. Il s’agit de portes numériques dérobées (backdoors) qui donnent un accès discret à l’intégralité des échanges et des productions internes de l’organisation. Citant plusieurs sources au sein de l’institution, Monde Afrique soutient que «tous les contenus sensibles ont pu être espionnés par la Chine». «Une fuite de données spectaculaire, qui se serait étalée de janvier 2012 à janvier 2017», précise le média.
Monde Afrique mentionne que le pot aux roses a été découvert par les ingénieurs de la «petite cellule» de l’UA. «En janvier 2017, la petite cellule informatique de l’UA a découvert que ses serveurs étaient étrangement saturés entre minuit et 2h. Les bureaux étaient vides, l’activité en sommeil, mais les transferts de données atteignaient des sommets.
Un informaticien zélé s’est donc penché sur cette anomalie et s’est rendu compte que les données internes de l’UA étaient massivement détournées», raconte le quotidien français. Des sources internes à l’UA ont ainsi confié à l’auteur de l’enquête que «chaque nuit, les secrets de cette institution se sont retrouvés stockés à plus de 8000 km d’Addis-Abeba, sur des mystérieux serveurs hébergés quelque part à Shanghaï, la mégapole chinoise».
Ce n’est pas tout. Des responsables de l’UA ont révélé également à Monde Afrique qu’il a été découvert que le nouvel immeuble offert il y a six ans par Pékin à l’Union africaine et qui sert depuis de siège à l’organisation était également truffé de micros. «Quatre spécialistes venus d’Algérie, l’un des plus gros contributeurs financiers de l’institution, et des experts en cyber-sécurité éthiopiens ont inspecté les salles et débusqué des micros placés sous les bureaux et dans les murs», mentionne le journal français.
Pour stopper la saignée, la même source indique que l’UA a acquis ses propres serveurs et décliné l’offre de la Chine qui se proposait de les configurer. Désormais, toutes les communications électroniques sont également cryptées et ne passent plus par Ethio Telecom, l’opérateur public de l’Ethiopie, pays réputé pourtant pour ses capacités de cybersurveillance et d’espionnage électronique. Désormais, les plus hauts responsables de l’institution disposent de lignes téléphoniques étrangères et d’applications plus sécurisées. On ajoute qu’«une nouvelle architecture informatique, indépendante des Chinois, a également été déployée».