Le Président Faustin-Archange Touadera a procédé, le 12 septembre 2017, au premier remaniement ministériel depuis la constitution du gouvernement Sarandji, en avril 2016.
Ne voulant pas se séparer de son vieux compagnon de route, le président a maintenu Simplice Sarandji, en dépit des multiples critiques à son encontre, il ne faudra donc pas s’attendre à des changements significatifs dans la conduite des affaires de ce qui reste de l’Etat centrafricain.
Les seuls changements notables concernent les domaines de la sécurité et de la Défense. Le retour de Marie-Noëlle Koyara au ministère de la Défense est surtout destinée à rassurer la communauté internationale, tant l’ancienne fonctionnaire internationale à la FAO avait été appréciée lors de la Transition de Catherine Samba-Panza. Le départ de Joseph Yakete est salué de toutes parts car son incompétence n’avait d’égale que son arrogance. Avec son ancienneté au ministère de la Défense sous Bozizé, le général d’armée Antoine Gambi, chef d’Etat-major présidentiel, conserve évidemment une réelle autorité sur l’armée et les officiers.
Le ministère de l’intérieur est confié à un général de Gendarmerie, Henri Wanzet Linguissara. Cet ancien directeur général de la sécurité publique de Bozizé était conseiller à la Primature. Il etait un pion essentiel du système de la gouvernance Bozizé-Touadera. L’ancien ministre Jean-Serge Bokassa devra s’occuper de ce qui reste de l’administration territoriale et se documenter sur la décentralisation.
L’avocat Jean-Louis Opalegna est nommé à la Fonction publique. Le nouveau ministre défend la cause de Jean-Francis Bozizé, rentré en Centrafrique en dépit d’un mandat d’arrêt international et qui bénéficie de l’impunité institutionnalisée. Très lié également à Jean-Francis Bozizé, le spécialiste en commerce de diamants, Ange-Maxime Kazagui, consul honoraire d’Afrique du Sud, impliqué dans plusieurs affaires sous Bozizé, hérite de la communication et des médias. La mise au pas des médias va se poursuivre.
Les autres changements sont cosmétiques et n’auront aucun impact sur un processus de réconciliation nationale qui tarde à être mis en oeuvre. Le plus intéressant est néanmoins celui du retour du neveu de Michel Djotodia, le Goula Gontran Djono Ahaba, au gouvernement. Il sera semé d’embûches à l’Energie et à l’Hydraulique avec la déconfiture des sociétés d’État de ces secteurs. Il aurait dans doute préféré le ministère des Mines et du Pétrole où il excelle, notamment avec les entreprises chinoises.
Pendant ce temps là, hors de Bangui, la population est seulement préoccupée par sa survie avec les Ong humanitaires dépourvues de moyens.