Les enlèvements de deux chefs d’établissement se sont produits le 25 mai 2018, dans le cadre d’un accroissement des violences et des abus dans les régions anglophones du Cameroun.
Ces deux chefs d’établissement, enlevés dans des endroits séparés, sont Georgiana Enanga Sanga, du lycée public Bolifamba à Mile 16-Buea, et Eric Ngomba, de l’Académie baptiste camerounaise Yoke-Muyuka. Ngomba a été libéré le 29 mai, avec des blessures causées par des machettes, mais on ne sait pas ce qu’est devenue Georgiana Enanga.
« Les ravisseurs de Georgiana Enanga doivent immédiatement lui rendre sa liberté et les groupes séparatistes doivent mettre un terme décisif à toutes les attaques visant à faire obstacle à la scolarité des enfants», a déclaré Philippe Bolopion, directeur adjoint du plaidoyer au niveau mondial à Human Rights Watch. « Les agressions visant les élèves, les enseignants et les écoles causent un tort durable aux enfants et ternissent la réputation de ceux qui les commettent. »
Georgiana Enanga a été enlevée le matin du 25 mai, alors qu’elle se déplaçait en taxi, à une cinquantaine de mètres de l’enceinte de son lycée. Les agresseurs ont pris le contrôle du véhicule par la force et se sont enfuis avec la proviseure. Quant à Eric Ngomba, il a été enlevé le même jour vers 19h30, à son domicile situé dans l’enceinte de l’établissement.
Dans une vidéo diffusée sur Internet après l’enlèvement, on voit Ngomba assis par terre, entouré d’au moins trois hommes qui pointent leur arme sur sa tête tout en l’interrogeant. On entend une personne hors champ déclarer que Ngomba est détenu parce qu’il est le directeur d’une école qui continue à accueillir des élèves. Les hommes ordonnent à Ngomba d’appeler ses collègues, enseignants et principaux, à fermer tous les établissements scolaires « dans cette région Amba » – référence aux régions anglophones du Cameroun, et avertissent ses collègues qu’ils ne doivent pas faire passer les examens nationaux.
La vidéo se termine par une voix hors champ qui dit : « Voilà, vous êtes avertis, vous êtes avertis, vous êtes prévenus, et vous êtes prévenus… Faites attention, faites attention, faites attention. »
Le gouvernement a réagi à cette « crise anglophone » par des opérations anti-insurrection lors desquelles on a rapporté que les forces armées avaient commis de graves abus contre des civils de la région, aggravant ainsi la situation.
« Les attaques contre des élèves, des enseignants et des écoles n’ont leur place dans aucun conflit ou combat politique », a conclu Philippe Bolopion. « Les séparatistes doivent immédiatement cesser ce genre d’attaques afin que les enfants puissent étudier en paix. »