Burkina Faso: un climat de guerre à Arbinda

Le 29 septembre 2025, à l’aube mûre, n’étaient les rafales d’armes automatiques, le crépitement des talkies Walkies et la valse des téléphones portables, l’attaque d’une position de la milice Volontaire pour la défense de la patrie (Vdp) à Arbinda, rappellerait les récits du baroud tribal au Sahel d’antan.

Les assaillants, la plupart des jeunes à la voix de mue, poussent des cris d’un autre âge et accablent, l’ennemi en déroute, de malédictions, de défis et de menaces, entre deux salves de mini-mitrailleuse et d’AK 47. Tous, des garçons à peine adultes, parlent Fufuldé, la variante locale de la langue des Peulhs. Comme ailleurs au Niger et Mali, ils reprennent les mêmes invocations religieuses et affichent, avec outrance, une identique certitude d’agir sous l’égide de Dieu. Chacun veut tirer ses balles au dos des fuyards, invisibles, en contrebas, dans la broussaille de fin de saison des pluies. La volée d’insurgés aux silhouettes filiformes joue au combat. Les combattants, qui mêlent l’Arabe à leur dialecte maternel, suivent l’élan tempétueux de la victoire et vouent, au camp d’en face, une détestation mâtinée de mépris. Tour à tour qualifiés de « mécréants », « tyrans », «Satans » , « associateurs », les miliciens, des civils supplétifs de l’armée régulière, venaient d’abandonner un promontoire, pourtant avantageux, en amont de la savane.

A la faveur de la manœuvre de repli, sitôt la poursuite achevée, les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) rebroussent chemin. Ils filment, le site fraîchement déserté où ne les attend nul butin. Les fugitifs ont emporté vivres et attirail et, semble-t-il, il y en avait peu. La caméra s’attarde sur de sommaires abris de sniper, un chantier de grotte et d’approximatifs apprêts de tunnel. L’objectif balaie quelques fils d’électricité au sol, tandis que les guerriers du jour, privés d’un minimum de dépouilles opimes, se mettent, sans doute par dépit, à piétiner la cendre d’un feu de fagots, vieux de la veille. Au levant, déjà, l’étincelle du soleil naissant darde la cime des montagnes. C’est l’heure de se dissimuler, de crainte de subir un raid de drone. Les Moujahidine, vêtus d’uniformes kaki et de turbans à la mode touarègue par-dessus leurs djellabas, se laissent précipiter en pente raide vers le bas de la falaise. Ils échangent un chapelet d’Allahou Akbar et se dispersent au milieu des rochers.

Ainsi se profile l’avenir d’une jeunesse sahélienne qui n’a jamais rêvé d’Europe, d’entreprenariat, de startup, d’innovation numérique et moins encore de renforcement des capacités ou de bonne gouvernance.